VOLTIJ'ment votre !!!

par Pierre Rondel

 

INTRODUCTION

Avec le pratique assidue du F3F, j'avais délaissé un peu les autres disciplines du vol de pente et en particulier la voltige. Mais l'apparition de la voltige 3D, ainsi que de nouvelles machines adaptées à ce nouveau style de vol, a aiguisé ma curiosité jusqu'à me donner envie de m'y remettre. Le Voltij, fabriqué par Aéromod, s'inscrit parfaitement dans cette nouvelle tendance, et ne possède pas réellement d'équivalent sur le marché. Je me suis donc décidé à en acheter un, afin de goûter aux joies que peut amener l'exploration d'un nouveau domaine de vol.

 

 

UN DESIGN EXTREME

Une fois n'est pas coutume, le Voltij est le résultat de choix de conception radicaux qui nous donne un planeur extrêmement typé et sur-vitaminé pour la voltige:

  • Un fuselage qui s'approche de la caricature avec énormément de surface latérale (vol tranche oblige) et d'une dérive épaisse pour "porter" et donc être efficace même à basse vitesse, ainsi qu'une sous dérive.
  • Une forme d'aile basique, en simple trapèze avec des flaperons énormes (30 % de la corde)
  • Un profil MG05 parfaitement symétrique et double reflex
  • Un montage des servos d'ailerons (tailles standard) sur les flancs du fuselage.

En attendant les essais en vol, on peut déjà dire que le look ne fait pas dans la discrétion. Alors on aime ou on déteste, mais en tout cas le Voltij ne laisse pas indifférent !

 

UN KIT DANS LA LIGNEE AEROMOD

La composition du kit du Voltij, ainsi que les techniques de construction sont identiques à celle employées sur le Miraj:

  • Les ailes sont stratifiées en fibre (mais pas de carbone comme sur le Miraj) sur noyau polystyrène haute densité (classe 7). La finition à la peinture acrylique dans le moule est la même que pour les autres planeurs de la gamme. Alexis vient cependant de rajouter quelques couleurs à son catalogue ce qui permet à chacun de trouver son bonheur. En ce qui me concerne, j'ai choisi le violet "Milka", autant par soucis d'esthétique que par gourmandise : "Et la marmotte, elle met le Voltij dans du papier d'aluminium !!!" ... "C'est ça Pierre ... Tu as vraiment besoin de repos !!!"
  • 2 petits stabs en polystyrène stratifié fibre rappelant la déco de l'aile.
  • Le fuselage est en fibre, blanc.
  • Une dérive et un verrière de la même couleur que la déco (violet Milka dans mon cas)
  • 2 clés d'aile en tube carbone de 8 mm de diamètre extérieur, faisant office de fusible en cas d'atterrissage un peu dur.
  • un petit sachet d'accessoire avec: 2 clés de stab en corde a piano de 2 mm, un renvoi de stab en plastique, 2 fourreaux en alu pour le passage des clés d'aile dans le fuselage.

LE FUSELAGE

Le plus gros du boulot est sur le fuselage, entre l'installation radio et le montage du renvoi de stab et de la dérive. Personnellement, j'ai commencé par la fabrication de la platine servos, découpée dans du C.T.P 3mm, et collé à l'époxy rapide, puis fixée solidement au fuselage avec un tissu de verre remontant sur les flancs. Les fourreaux de clés d'aile sont en tube alu de diamètre intérieur 8mm: Il faut dans un premier temps noter leur emplacement, puis percé, puis les immobiliser à la bonne position, ailes en places.

Les servos d'ailerons, quant à eux, sont fixés sur les flancs du fuselage, là ou l'épaisseur est maximum, juste derrière la clé avant. J'ai utilisé des ROYAL BB de Multiplex qui offrent un bon couple et précision pour un prix raisonnable. L'ajustage est important car la marge autour des servos est quasiment inexistante ! J'ai également rajouté un petit morceau de C.T.P à l'intérieur du fuselage pour que les vis de fixation des servos puissent « mordre » dans la matière. En ce qui concerne le montage de la commande de profondeur, le fabricant propose 2 alternatives: stab à volet ou stab monobloc pendulaire. J'ai choisi la deuxième solution pour la facilité de réglage en fonction du centrage. Le travail consiste donc à monter le renvoi de stab et sa commande: Repérer tout d'abord l'emplacement de l'axe de renvoi, puis percer au bon diamètre.

Le positionnement est une opération délicate car il n'y a aucun repère, et il est donc facile de placer le renvoi de travers ... J'ai fabriqué 2 petites cales en bois pour éviter l'écrasement des flancs de la dérive à l'endroit de l'axe de renvoi. 2 rondelles métalliques sont également collées à l'extérieur pour parfaire la fixation et empêcher qu'il ne bouge en cas de chocs un peu violents. Avant de fermer la dérive, ne pas oublier de préparer et connecter la commande: Dans mon cas il s'agit d'un tube carbone de 5 mm extérieur.

J'ai fermé la dérive avec une âme en balsa, fibrée ensuite par l'extérieur, toujours dans un soucis de solidité et longévité. La commande de dérive est en corde à piano de 12/10 coulissant dans une gaine plastique collée en plusieurs points sur le flanc du fuselage. La dérive est articulée par une charnière en joint silicone + scotch. Le guignol est en circuit imprimé époxy. La commande de dérive est en corde à piano de 12/10 coulissant dans une gaine plastique collée en plusieurs points sur le flanc du fuselage.

LES AILES

Pour les ailes, le travail consiste à creuser le polystyrène des flaperons sur 2 mm et remplir avec de la micro ballon afin de rigidifier les gouvernes en torsion. Cette étape est primordiale car les flaperons sont de grandes dimensions et sont actionnés à leur emplanture. La micro ballon a pour effet de caissonner la gouverne, en reliant la peau de l'extrados à celle de l'intrados, ce qui apporte une rigidité en torsion non négligeable. Côté aile, il faut creuser également un peu pour permettre le débattement vers le bas.

Et puis ne pas oublier de creuser à l'emplanture, à l'emplacement du servos afin que la tête de servos "disparaisse" dans l'emplanture de l'aile. C'est un travail qui demande du soin mais qui s'effectue rapidement avec l'aide d'une mini-perceuse. Une fois ces opérations effectuées, il ne reste plus qu'a poser la charnière en joint silicone (reportez vous à l'article sur le Miraj pour le mode opératoire) doublée d'un scotch très fin. Les commandes d'ailerons sont en tige fileté de 3 mm dans un tube alu et équipées de chapes métalliques de 3 mm. C'est du costaud! Le guignol est une vis à oeil de 4 mm de marque Multiplex.

PAS DE MINI-SERVOS !

Pour un fois, pas de mini servos, car comme je le disais précédemment, les servos d'ailerons sont des ROYAL BB. Pour la profondeur et la dérive, j'ai opté pour des Futaba S3003. La batterie est constituée de 4 éléments de 1800 mAh. et puis ne pas oublier le récepteur qui se trouve derrière le servos, coincé sous l'arrière de la platine avec de la mousse.

LA BONNE SURPRISE DE LA BALANCE

Un petit tour sur la balance et là ... oh surprise, le poids est de 1599 g pour un poids annonce de 1600 g: "J'ai du oublier une pièce au montage !!!". Plus sérieusement, C'est bien la première fois que le devis poids est aussi bien respecté. Le poids de 1600 g semble d'ailleurs le poids idéal de ce planeur d'après le concepteur: c'est le meilleur compromis entre légèreté et restitution.

 

ET EN VOL ?

Par petit temps, j'ai été "bluffé" de voir comment le Voltij s'en sortait bien! C'est ce que je recherchais d'ailleurs. Le 4 axes, ou plutôt le 3 axes 1/2 ( flap couplés à la profondeur) fait merveille pour grappillé quelques centimètres dans l'air à peine porteur. Certes, le planeur demande une attention toute particulière au niveau du pilotage (on a l'impression de voler parfois sur des oeufs !), mais volets baissés, il est possible de spiraler très serré. Le pilotage par tout petit temps se fait essentiellement à la dérive, les ailerons ne servant alors qu'à contrer en spirale. Par contre la finesse fait défaut car il fuselage traîne. Il est alors difficile d'échapper à la dégeulante quand elle arrive.

A l'autre extrême, c'est à dire par gros temps (60 km/h de vent et plus), le Voltij s'en sort honorablement mais se fait ballotter en raison de sa petite taille et sa surface latérale. Ce qui est un atout pour la voltige dans un météo normal devient vite un inconvénient quand le vent souffle fort, et il faut alors tenir compte de cette grosse prise au vent lors des figures car le planeur dérive énormément. Mais la ou le Voltij s'exprime totalement, c'est quand les conditions sont bonnes, sans être trop puissantes: Le planeur dévoile alors peu à peu ses immenses capacités.

Toutes les figures passent "les doigts dans le nez" et on arrive rapidement a la limite du pilote, tellement le planeur est brillant d'agilité et de précision: Toutes les figures conventionnelles sont une simple formalités: tonneau simple ou a facettes, figures verticales, etc. ... Il faut cependant désactiver le couplage profondeur volet dans certaine figures verticales pour avoir des trajectoire bien rondes. Les figures un peu plus musclées tel le huit vertical et le huit digital passent bien même si elles manquent un peu d'amplitude a mon goût (faut dire que ma référence reste le FOX 2.80m de Rödelmodell). Comme le profil est symétrique, le vol dos est rigoureusement identique au vol normal ce qui devient réellement énervant pour le collègues en train de se battre dans une ascendance, lorsqu'ils voient le Voltij en spirale dos quelques mètres en dessous, en train de monter gentiment.... quel régal !!!!

Les figures déclenchées passent également bien et la sortie est facile, et les ailes ne bronchent pas. Défoulement garanti ! Et puis comme les limites du planeur ne sont pas atteintes, alors on commence les figures pas catholique du tout."Et tiens que je te mette un grand coup de dérive au moment le plus inattendu, histoire de voir ce qui se passe !". La Voltij est un véritable laboratoire volant: tout les trucs les plus tordus sont pratiquement possible, il suffit d'essayer (en se donnant un peu de marge tout de même ...). Début de renversement avec descente tranche, vol en crabe, déclenché dos, etc. ... Et puis, pas besoin de beaucoup de vitesse pour débuter une figure, ce qui permet tout les excentricités au ras du sol.

Enfin le Voltij excelle dans le vol tranche: Tranches fines, épaisses, avec ou sans couenne, c'est le pied ! Avec une prise de badin raisonnable, on arrive à tenir en vol tranche pendant 3 à 4 secondes, ce qui est vraiment très long quand vous êtes aux manches ! Avec le Voltij, le mot Voltige 3D prend donc tous son sens et la moindre sollicitation sur l'un des axes agit immédiatement si bien qu'il faut un temps d'adaptation.: Lors des premiers vol vous avez l'impression de piloter "comme une merde" car toute les erreurs apparaissent, le petit coup de manche en trop, un contre un peu trop tard, etc... Pour finir, l'atterrissage est une phase que j'ai trouvé finalement assez délicate car les ailerons relevés donne un taux de chute impressionnant sans pour autant réduire la vitesse horizontale. Alors utilisez les avec prudence pour éviter de taper trop fort lors d'appontage sur des zones d'atterrissage réduites.

A la vue de ce qui précède, un constat cependant s'impose: Le Voltij ne s'adresse pas au débutant ou au pilote 3 axes tout juste dégrossi. Il faut bien maîtriser le pilotage 3 axes car le planeur demande une attention de tout les instants. Sa neutralité et son extrême agilité ne sont pas de tout repos et le planeur doit être pilote en permanence.

A l'usage, un seul point noir: ce sont les clé de stab (corde a piano 2 mm) trop courtes (il manque 2 bons centimètres en longueur!) et sous dimensionnées qui n'arrêtent pas de se tordre à l'atterrissage. Il aurait été plus judicieux de mettre du 3 mm sur la clé avant et du 2mm à l'arrière. Alexis, il faut vraiment que tu changes cela ... Surveillez aussi la poutre arrière du fuselage, juste derrière l'aile: La hauteur importante de celui-ci fait qu'il fouette facilement lors d'atterrissage très rude, et dissymétrique pouvant occasionner de petites déchirures. c'est ce qui m'est arrivé récemment ainsi qu'à un collègue. Vous pouvez renforcer le fuselage par l'intérieur au moment de la construction afin d'éviter ces désagréments.

 

 

 

 

 

 

 

Passage tranche a faire toucher le saumon par terre ... Heu hummm le planeur est en fait appuyer contre un piquet. Cela permet d'apprecier la géometrie simple de l'aile, et la déco typique Aéromod. Moi, j'ai choisi un Voltij série limitée "MILKA": Ouais et meme que les marmottes, elles mettent le chocolat dans le papier d'aluminium!

 

LE MOT DE LA FIN

En conclusion, un super planeur, très innovant, et un véritable "multi" pour le vol de pente qui vous permettra de repousser les limites de votre pilotage et d'expérimenter des figures que vous ne soupçonniez même pas ! Et pour ne rien gâcher, le planeur gratte très bien par petit temps grâce à l'utilisation intensive des volets.

 

  • Envergure 2020 mm
  • Surface 36 dm2
  • Cordes 250,110 mm
  • Profil MG05
  • longueur 1250 mm
  • Poids en ordre de vol: 1599 g !!!!! Ben mince, la notice annoncait 1600 g, j'ai du oublié quelques chose ...
  • Charge alaire 44 g/dm2

J'ai aimé

La conception aérodynamique très originale. Les performances en vol.

J'ai pas aimé ...

Les clés de stab trop courtes et sous dimensionnées. Fragilité relative de la poutre arrière du fuselage, derrière l'aile.

 



 
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