Un article du magazine
TEMPUS d'EUROHOBBY
QUAND ESTHETISME RIME AVEC PERFORMANCE
par Pierre Rondel
INTRODUCTION
Le marché du tout-plastique s'est maintenant bien démocratisé, et propose des planeurs à tout les prix (et de toutes les qualités aussi...). Le TEMPUS est le nouveau venu, avec un prix hyper-compétitif et des arguments qui ne peuvent laisser insensible (3 mètres d'envergure, aile et stab parfaitement elliptique, profil S7012, planeur moulé CNC, et surtout un look ravageur!), que ce soit pour le vol sportif ou de compétition, comme vous allez pouvoir en juger par vous même avec l'essai qui suit.
UNE AILE INSPIREE DU BIG-MACH
Inaki Elizondo a participé en 1996 à la Viking Race en Islande où l'équipe de France avait utilisé le tout nouveau Big-Mach, encore tout frais sortis des moules (1 semaines ou 2 avant la compétition...). Le Big-Mach avait alors impressionné tous les compétiteurs présents, autant par son look que par ces performances en vol. Le TEMPUS reprend la forme d'aile elliptique du Big-Mach déssinée par Damien Prat et le profil S7012, en modifiant toutefois quelques petits détails:
- envergure plus grande: 3 mètres au lieu de 2,75 m afin de mieux coller aux exigences actuelles du F3B et F3J.
- ailes en 2 pièces au lieu de 3, pour simplifier le moulage.
- L'articulation des gouvernes se fait à l'extrados et non plus à l'intrados.
- Le stab est à volet au lieu de monobloc.
Le SELIG S7012
Contrairement à ce que j'ai pu lire récemment dans l'essai du Sagitta de Simprop, le S7012 n'est pas du tout dérivé du S7003, mais de l'incontournable RG15. J'ai eu l'occasion de lire l'article de Mickael Selig qui expliquait sa démarche pour la conception du S7012 et les résultats escomptés.
Selon Le Dr Selig, le RG15 peut être considéré comme le profil optimal, dans la mesure où il considère qu'il est impossible de concevoir un profil qui ai moins de traînée à tous les régimes de vol. La démarche adaptée a donc été de faire des concessions dans certains domaines de vol pour gagner dans d'autres.
Pour illustrer sa démonstration, Mickael Selig prenait comme exemple un matelas remplit d'eau: Si vous appuyez en un point du matelas, l'eau se déplace et gonfle d'autres parties du matelas. Et bien il se passe la même chose avec les polaires (en simplifiant à l'extrême)!
principe utilisé pour la conception du profil S7012
Sur le papier, le S7012 est donc meilleur (c'est à dire moins de traînée) que le RG15 pour des faibles coefficients de portance (Cz) ainsi que pour des forts Cz (ce qui correspond à un virage à forte incidence). Entre ces 2 zones, le RG15 reste devant. Maintenant, qu'en est-il dans la réalité? Le S7012 étant encore peu utilisé sur les planeurs du commerce ou en compétition, il est difficile de juger.
UN FUSELAGE COMME L'ELLIPSE 2
Le fuselage de l'Ellipse 2, bien que relativement gros comparé à la tendance actuelle a le mérite d'être particulièrement fonctionnel, surtout dans le contexte d'un kit diffusé à grande échelle. Inaki s'en ai donc largement inspiré, en adoptant toutefois une esthétique complètement nouvelle. Et la je trouve qu'il a réussi son coup, car le fuselage du Tempus est particulièrement élégant et permet de le reconnaître du premier coup d'oeil parmi la masse des fuselages type "suppositoire volant" qui peuplent nos pentes ou sites de vol...
Les tubes à ballast sont du même diamètre, et positionnés comme sur l'ellipse 2. Ils permettent bien sur d'utiliser les ballasts fournis pour l'ellipse 2, ce que j'ai d'ailleurs fait.
Par contre la grosse différence est que le TEMPUS possède des karmans (ailes en 2 pièces oblige...) ce qui, aérodynamiquement parlant est ce qu'il y a de mieux pour réduire la traînée d'interaction aile-fuselage. De plus la fixation de l'aile se fait alors le plus simplement du monde avec un bout de scotch électrique blanc à l'intrados et extrados.
MOULES CNC
Le TEMPUS est entièrement réalisé dans des moules en alu usinés numériquement, que ce soit pour les ailes (normal!) mais aussi le fuselage, et même les caches servos. Au total, une vingtaine de moules ont été réalisé, ce qui représente un travail considérable, que ce soit pour la programmation de la commande numérique, ou pour la finition, à la main, de l'état de surface de ces moules. Autant vous dire que les assemblages sont parfaits et l'etat de surface superbe.
La qualité de moulage est excellente, largement au dessus de ce que faisait Inaki auparavant avec le Factor, mais sans toutefois atteindre la qualité d'un cobra-Calypso ou Ellipse 3, qui sont la reférence en la matière (le prix n'est pas le même non plus car ces planeurs coutent 50% de plus !!!). Plusieurs couleurs d'intrados sont disponibles (jaune, bleu nuit, pourpre, rouge,...) à la demande. Les charnieres sont en tissu d'arrachage.
MAIS LE TEMPUS VA PLUS LOIN...
Inaki ne s'est pas contenter de s'aligner sur le standard des Planeurs de Jaroslav Muller, mais va plus loin, sur certain point de détails, certes, mais qui facilitent la vie.
- un gaine plastique pour le passage de l'antenne radio est déjà posée dans le fuselage.
- le crochet de treuillage est déjà en place, et au bon emplacement.
- des caches servos d'ailerons permettant d'utiliser des servos qui dépassent de l'aile.
- Les guignols en laiton usinés sont vissés sur les gouvernes (volets, ailerons et stab).
UN KIT PRESQUE "READY TO FLY"...
Avec le tempus on peut pratiquement parler de kit ready to fly puisque il ne reste plus qu'à:
- installer et coller les tetons d'incidences des ailes.
- installer la radio.
- fermer les fentes des gouvernes (volets, ailerons, et profondeur) avec du mylar.
L'installation radio, comme dans tout planeur tout-plastique demande beaucoup de rigueur, que ce soit dans le choix des éléments radios ou dans leur installation et câblage. Pour ma part j'ai choisi comme servos d'ailes les Graupner G3241, mini-servos pignons métal de 15 mm d'épaisseur, et 2 micro 3BB pour la profondeur et la direction.
Les servos d'aile sont tout simplement collés au mastic colle de fixation Rubson, en ayant au préalable renforcé l'intérieur de l'aile (à l'emplacement du servo) avec 2 épaisseur de tissu carbone 170 g/m2, afin d'éviter tout déformation de l'extrados lors du collage ou arrachage des servos. Les fils de servos sont torsadés pour réduire les parasites dues au grande longueur de fil dans les ailes.
La connection avec le fuselage se fait avec 2 prises 5 broches MPX (prise grise, à souder, normalement utilisée pour les batteries) à contact or.
Les prises femelles sont fixées dans le fuselage, affleurant les karmans, et prisonnières entre 2 petites platines époxy qui traversent le fuselage, garantissant une immobilisation parfaite et un excellent collage dans le temps.Les traditionnelles ferrites se trouvent dans le fuselage, dissimulées derrière la platine.
Pour les servos de profondeur et dérive, j'ai réalisé une petite platine en C.T.P colle à l'intérieur du fuselage sur laquelle viennent se visser les servos. L'interrupteur est du type ``simple inverseur'' visser à l'emplacement déjà percé, juste derrière les servos. La batterie est composée de 4 éléments de 1800 mAh soudés en forme de pyramide: 3 +1 pour loger dans le nez très effilé du planeur.
La seule opération qu'il reste à faire avant d'aller essayer l'engin, c'est de masquer les fentes d'ailerons et volets à l'intrados. Pour cela j'ai utilisé des petites bandes de Mylar collées au double face transparent et extra fin (marque PLASTO, double face pour album photo vendu chez Castorama, en rouleau de 5 m avec dévidoir, au rayon scotch/colles) sur l'aile. Le résultat est propre, durable, et facile à réaliser.
Pour obtenir le centrage il m'a fallu environ 120 grammes de plomb, coulé à la forme du nez,
afin d'occuper le moins de place.
Bon, ben c'est pas tout, mais je suis impatient d'aller l'essayer ce planeur...
PRISE EN MAIN TRES DIFFICILE
Le fuselage du TEMPUS possède un inconvénients que je trouve vraiment dommage: c'est la prise en main pour lancer le planeur. En F3B, pas de problème, puisque on saisit le fuselage derrière l'aile. Par contre en F3F ou à la pente, le dessous du fuselage, évasé en raison de la présence des karmans ne permet pas de tenir fermement le planeur. Celui ci a tendance à s'échapper. La solution est donc de le tenir juste devant l'aile, mais cela ne permet pas des lances énergiques.
UN VOL EXTRAORDINAIRE
La première remarque qui vient à l'esprit quand on pilote pour la première fois le TEMPUS, c'est cette facilité de pilotage et l'homogénéité des commandes. La planeur répond parfaitement sur tous les axes avec une mention toute particulière pour les ailerons qui sont d'une efficacité, et d'une précision redoutable.
En vol thermique, que ce soit en plaine ou en pente, la bestiole est super agréable, alliant douceur et finesse. On peut couvrir ainsi beaucoup de terrain avec un taux de chute ridiculement faible, puis enrouler en douceur le premier thermique venu. Pas de tendance particulière à décrocher comme certains s'y attendaient du fait des saumons très fin.
Ce qui faut quand même savoir, c'est que le S7012 a été choisi (a l'époque du Big-Mach) non seulement pour ces performances en virages et trajectoires droites à hautes vitesses, mais aussi pour ca capacité à accepter les faibles nombres de reynolds. J'ai essayé récemment une forme d'aile similaire, mais avec un HN1038, et je peux vous dire que le décrochage arrive beaucoup plus tôt et est relativement violent (C.Q.F.D).
Le decouplage Dérive-Profondeur est parfait (contrairement aux stab en V) et on redécouvre les joies de la ``belle'' spirale, esthétique et efficace!
L'utilisation des volets est un régal. Le planeur se ralenti un tout petit peu mais son taux de monté est beaucoup plus important. aucun effet secondaire à déplorer. L'avantage par rapport à un RG15 est que l'on peu garder les volets en permanence, sans pour autant détruire les qualités du profil. Il m'est même arrivé de faire des ``runs'' de F3F en m'apercevant à la fin que j'avais gardé les volets tout du long...
Didier Lanot et Michel Etchart ont d'ailleurs utilisé le Tempus en F3J avec satisfaction lors des sélections de l'équipe de France de F3J, arrivant à se hisser dans le fly-off face à des planeurs spécialisés F3J (plus de surface, charge alaire moindre).
Passons maintenant à la vitesse. Manche au tableau, le planeur accélère très vite, mais semble plafonner, là où un ellipse semble continuer à accélèrer. Je dit ``semble'' car sans réelle mesures, ces appréciations sont très subjectives. Je me base donc sur le bruit du planeur, dont la fréquence augmente avec la vitesse. Ceci dit, quand je parle de plafonnement, il se trouve à des vitesses non négligeables après un piqué de plus de 200 m, plein pot. Il serait intéressant de confronter le Tempus avec d'autres planeurs, lors d'une épreuve de Vitesse en F3B afin de mieux quantifier les capacités du Tempus. L'utilisation des volets en négatifs permet d'atteindre des vitesses plus élevées.
Par contre, le domaine où le tempus est a mon avis excellent, voir imbattable, c'est cette propriété à garder sa vitesse, y compris dans le virage. L'aile elliptique est dans ce domaine très supérieure comparée à des formes d'ailes plus simples. La traînée induite est minimum, et le Tempus enroule le virage à haute vitesse, avec une parfaite stabilité, pour repartir plein pot vers la pylône suivant.
Cette aptitude à conserver la vitesse acquise, est un atout déterminant en distance F3B ou en F3F. A la pente, quand celle-ci est correctement alimentée, le Tempus est capable d'enchaîner 30 à 50 bases de 100m sans ce ralentir, voir même accélérer en sortie de virage, et ceci que ce soit à vide ou ballasté! Le S7012 dégage une impression de facilité et de portance, là ou d'autre profil, sans doute plus rapide, on besoin de plus d'air ``sous la quille'' pour pouvoir s'exprimer complètement. C'est d'ailleurs ce qui a le plus impressionné mes collègues de pentes avec qui je vole très régulièrement. Le pilotage en F3F, m'a demandé une certaine accoutumance avant de trouver les bons dosages dérive-profondeur lors des virages. Une fois ses marques trouvées, c'est un véritable régal.
A l'heure où vous lirez ces lignes, nous serons en pleine Viking Race, où beaucoup de Tempus sont engagés. En effet, l'équipe représentant la France, ainsi que les 2 équipes espagnoles utilisent ce planeur face aux meilleurs références du moment (Cobra Calypso, Ellipse 2 et peut être Ellipse 3, Tragi 700 et surtout le Masterpiece qui est considère par beaucoup comme le planeur le plus rapide actuellement.). Il sera intéressant de voir comment le Tempus s'en sort...
En voltige, le tempus se débrouille très bien, même s'il n'est pas fait pour cela: tout passe sans aucun problème. La ``vrai'' dérive apporte beaucoup de stabilité et de rigueur dans l'exécution des figures. Le vol dos, volets en position lisse, ou encore mieux en négatif permet de faire des séances interminables, voir de gratter et spiraler sur le dos. Rien à signaler coté butterfly, pour l'atterrissage. Le tempus se comporte comme tout bon planeur de F3B.
UN SEUL BEMOL
La clé d'aile est en carbone, ronde, de 13 mm de diamètre et incluant le dièdre, fabriquée par Inaki. Pour un planeur de 3 m d'envergure, destiné à subir les pires outrages en F3F et F3B, je trouve que le diamètre est un peu faible. De plus, du fait de l'utilisation de karman sur le fuselage, la clé, flottante, plie davantage que la même clé utilisée sur des ailes jointives posées sur le dessus d'un fuselage (histoire de bras de levier). Ceci dit, cela plie mais ne rompt pas puisque au jour d'aujourd'hui je n'ai pas encore cassé de clé d'aile (je touche du bois!). Un clé de diamètre 15 ou 16 aurait été, à mon avis, préférable.
CONCLUSION
Le TEMPUS est un planeur qui possède des arguments très convaincants: Un design original et très performant, une construction high-tech garantissant le respect du profil et la qualité d'assemblage, et puis des performances en vol au top. Avec un prix d'attaque à 4000 frs environ pour le version fibre et 4800 frs pour la version carbone, le TEMPUS possède sans aucun doute l'un des meilleur rapport qualité prix du marché. C'est donc un planeur à considérer sérieusement, si vous êtes en pleine cogitation avant l'achat d'un planeur tout-plastique performant.
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Pierre Rondel.
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