Il y a plus de 10 ans, je suis tombé, par hasard, sur un article d'un magazine anglais qui
décrivait un étrange planeur ne disposant pas de profondeur, mais d'un système ingénieux où
chaque aile était entièrement articulée (incidence variable) et indépendant (un servo par aile).
"L'incidence intégrale" était née! Curieusement, ce système révolutionnaire n'a pas du tout
pris, demeurant complètement confidentiel jusqu'à ce qu'un premier kit venu d'outre atlanti-
que apparaisse sur le marché. Le planeur qui nous intérresse aujourd'hui est le PIXEL. Ce petit
planeur équipé de la fameuse incidence intégrale, a été conçu par François Cahour et Alain
Maréchal. Il a d'ailleurs été présenté dans ces colonnes en juillet 1995. Il est, depuis peu, fabri-
qué et commercialisé par la société AIRTECH. Je ne reviendrai donc pas sur l'aspect concep-
tion ou aérodynamique de ce nouveau planeur (reportez vous au RCM mentionné un peu plus
haut), mais je vais plutôt me pencher sur l'analyse du kit: construction, choix techniques effec-
tués, et enfin le performance en vol.
INVENTAIRE DU KIT:
Dans un carton tout bête, sans aucune photos au dessins, on découvre les éléments sui-
vants:
Un adorable fuselage, tout à fait superbe avec ces deux couleurs de gelcoat et son plan de
joint horizontal.
Un verrière d'une couleur différente de celle du fuselage.
Une paire d'aile en polystyrène blanc coffrée en samba 6/10 mm d'excellente qualité, avec
bords d'attaque et saumons posés et poncés, fourreau de clé d'aile installés, nervures
d'emplanture posées et poncées.
Deux petits stabs du même acabit, excepté les fourreaux et la nervures d'emplanture qu'il
reste à installer.
Deux sachets d'accastillage contenant toutes les petits pièces (chapes, embouts filetés,
renvois, axes, clés d'ailes, vis...).
Une platine radio entièrement pré-découpée en CTP 3mm.
Un gaine plastique pour le passage de l'antenne de réception dans le fuselage (très bonne
idée!).
Une notice avec de nombreux schémas explicatifs qui me fait penser à une notice Multi-
plex par sa qualité.
Un kit ultra complet, et d'excellente qualité, puisqu'il ne manque que la colle époxy, l'entoi-
lage et l'électronique pour mettre dedans! Bien, on bavarde, on bavarde... mais il ne va pas se
construire tout seul, alors je vais me mettre au boulot!
4 COLORIS AU CHOIX
Les premières versions du Pixel (dont celui du présent essai) étaient livrées dans des tons
pastel (bleu, vert, rose, jaune). Le premier inconvénients était la difficulté de trouver une cou-
leur d'entoilage se mariant parfaitement avec les couleurs du fuselage, et puis il était également
très difficile pour AIRTECH de garantir des couleurs identiques d'un fuselage à l'autre du fait
que le gelcoat était en fait un gelcoat blanc teinté avec des pigments. AIRTECH utilise mainte-
nant des gelcoats de couleurs (bleu royal, rouge signal, vert et jaune) du plus bel effet comme
vous pouvez en juger par vous même sur la photo.
LES AILES:
Il ne reste pratiquement plus rien à faire sur ces ailes puisque les bords d'attaque, les sau-
mons et même les nervures d'emplanture sont posées et poncées. Le coffrage est en samba 6/10
mm, de très belle qualité et très régulier. Le bord de fuite n'a pas besoin d'être re-poncé puis-
que ayant déjà la bonne épaisseur. Sous le coffrage, au niveau de l'emplanture, se trouve une
cravate en fibre d'une trentaine de centimètre de long. Trouvant le balsa des bords d'attaque et
des saumons un peu tendre, j'ai décidé de les imbiber avec de la résine époxy fluide, qui une
fois bien sèche, renforce considérablement ces derniers. L'opération suivante consiste à poser
le téton de centrage en corde a piano de 2mm. A 5 cm en arrière de la clé se trouve un bloc de
samba (derrière la nervure). Il suffit donc de percer bien droit puis de coller le téton. Pour amé-
liorer le collage, j'ai pris l'habitude de poncer la corde à piano avec du gros papier de verre
puis, à l'aide d'un disque à tronçonner, de faire des rainures grossières dans lesquelles viendra
se loger la colle. Je peux vous dire qu'ensuite cela ne bouge plus! Devant le fourreau de clé
d'aile, il faut maintenant installer le petit crochet servant au serrage de ailes au moyen d'un
élastique. Voila, c'est presque terminé... nous pouvons passer à la finition: Ponçage rapide au
180 puis au 400, puis entoilage. Depuis que j'ai découvert le papier adhésif en vinyle grâce a
Thierry Martinet, je ne jure plus que par ça: Bien que plus lourd que du solar ou de l'oracover,
la rapidité de pose est sans comparaison, mais surtout la solidité et la longévité est bien plus
importante. J'ai donc entoilé le PIXEL avec des chutes qu'il me restait de planeurs précédents.
Le seul inconvénient du vinyle est qu'il est difficile d'entoiler les saumons. Je commence donc
par entoiler ceux-ci au solar de la même couleur puis j'entoile l'aile avec l'adhésif. L'emploi
d'une lame de rasoir, de préférence neuve, est bien utile pour araser l'excédent. Le résultat est
super et le gain de temps énorme.
LES STABS:
Même punition pour les stab à l'exception des clés (en C.A.P 2mm) qui sont à coller dans
les saignés déjà faites dans le noyau. Ne vous inquiétiez pas du fait que l'emplacement de ces
clés est décalé d'un stab à l'autre. C'est tout à fait normal, puisque les fourreaux seront égale-
ment décalés sur le fuselage. Le collage se fait à l'époxy et en utilisant les petits bouts de balsa
prévus pour combler l'espace entre la clé et le coffrage. Vous pourrez éventuellement rempla-
cer ce balsa par de la microballon. Cette opération effectuée, il faut maintenant coller la ner-
vure en CTP 1mm. Un ponçage puis un entoilage, comme pour les ailes, et le tour est joué!
LE FUSELAGE:
Le fuselage, sorti de la boite, ne pèse que 105 g. Il se caractérise par une hauteur impor-
tante, permettant l'emploi d'un équipement radio standard, ce qui est un atout pour un mini-pla-
neur. Pas d'achat de micro-servos en perspective, chouette! Je reviendrai plus longuement sur
l'installation radio plus tard, rentrons plutôt dans le vif du sujet. Je vous conseille de commen-
cer par coller le fourreau de clé d'aile; 2 marques, de part et d'autre du fuselage, facilitent la
localisation de l'endroit où il faut percer. Attention tout de même, ces marques ne constituent
qu'une indication. J'ai dû, pour ma part, peaufiner l'ajustage avant d'immobiliser le fourreau
avec deux points de colle. L'opération suivante consiste à percer les ouvertures pour le téton
d'incidence et permettre à l'aile de débattre vers le haut et le bas. Ceci est important afin de
monter "à blanc" les renvois d'incidence et ainsi positionner la platine radio au poil près. Pour
information, il est possible de mettre ou retirer la platine à volonté avant le collage, sans forcer
malgré la présence du fourreau déjà posé. Une fois le positionnement réalisé, j'ai pu passer au
collage définitif à l'époxy. Le temps de boire une bière pendant que cela sèche, et hop!... je
peux continuer.
Je vais maintenant installer les renvois d'incidence qui utilisent un système de
montage vraiment astucieux à base d'un cavalier en plastique qui vient immobiliser sur la pla-
tine le tube laiton servant d'axe, sur lequel on enfile les renvois. La platine se charge de bloquer
latéralement les renvois. Pas de collage, possibilité d'ajuster au "pouième" près et finalement
d'une simplicité élémentaire. Bravo d'y avoir pensé! L'aile pouvant être montée, nous allons
nous en servir comme référence pour installer les fourreaux à l'arrière du fuselage: 4 petits
tubes en laiton à coller précisément afin d'avoir 110 degrés de dièdre entre les stabs. Pour faci-
liter l'opération, j'utilise des boites de cassettes audio ou CD en nombre identique sous chaque
aile pour m'assurer de la bonne position du fuselage. Puis, ayant percé les trous, j'installe "à
blanc" les stabs (toujours en utilisant de K7). Un gabarit est disponible à la fin de la notice ce
qui prouve une fois encore que ce kit a été pensé jusque dans les moindres détails. Il suffit de
coller ce gabarit sur du carton puis le découper. Quand tout est parfait, on colle le tout a
l'époxy chargée avec de la fibrette (petits bouts de fibres de verre). La dernière opération con-
siste à fignoler l'ajustage de la verrière, puis d'installer le tourillon en bois à l'avant et percer le
trou pour la vis de fixation arrière. Voila, il ne reste plus qu'à finir l'installation radio.
INSTALLATION RADIO SANS DOULEUR...:
En ce qui me concerne, j'ai utilise des NANO BB Multiplex, qui, pour un prix de 170 Fr,
offre un couple généreux en plus d'un roulement à bille en sortie. Les commandes sont en CAP
2mm sur laquelle on soude directement une chape d'un côté et un embout fileté de l'autre, per-
mettant de régler proprement le neutre. Bien sur, ces pièces sont contenues dans le sachet
d'accastillage qui accompagne le kit. Ces commandes doivent être réalisées avec soins afin
d'éviter tout jeux résiduel, qui se propageant à l'aile, apporterait un flou en pilotage. Pour le
réglages, j'ai suivi les réglages de la notice. Le neutre est très facile à visualiser puisque on
l'obtient quand le bord de fuite est aligné avec le plan de joint horizontal. Le pixel nécessite un
mixage profondeur/aileron sur les deux servos. L'utilisation d'une radio programmable est
donc indispensable. Pour ma part, j'ai utilise le mixage "DELTA" de ma MPX MC 3030. Il ne
m'a fallu que 10 heures pour construire le PIXEL, en travaillant à l'époxy rapide, ce qui n'est
pas étonnant, vu la préfabrication du kit.
DIRECTION LA PENTE!...
Etant en bretagne en cette fin de septembre pour quelques jours de vacances bien méritée,
J'ai profité d'un jour d'éclaircie entre deux perturbations pour me précipiter au Menez-Hom
avec une impatience difficile à dissimuler... car il faut être motivé pour faire 3 heures de voitu-
res pour une après-midi de vol! Direction le pente nord, le PIXEL est monté en deux coups de
cuillère à pot, j'allume la radio, les servos bougent, je lance... et merde! Le planeur part à droite
et rencontre violemment la planète. Que la honte s'abatte sur moi, les ailerons sont inversés!...
(j'ai fait une fausse manip à la fin de la programmation de la radio). Eh bien, le PIXEL est
solide: pas une égratignure, exceptée la clé d'aile complètement tordue. Imaginez un peu la tête
des rares touristes venu admirer le point de vue depuis le sommet, et m'aperçevant, tel un
homme des cavernes, essayant de sortir le clé d'aile du fuselage, puis de la redresser à grands
coups de cailloux... "Mais c'est qui va nous foutre le feux à la lande, celui là, avec ses silex!!!"
et moi de leur retourner: "Attention derrière vous, un vélociraptor!... mais non, ne partez pas,
c'était juste pour rigoler!". Rassurer vous, je n'ai pas écrit cet article en regardant Jurassic Park
à la télé.
Revenons aux choses sérieuses: il est clair que la clé d'aile souffrait d'un manque
cruel de rigiditè, mais ce défaut a été corrigé immédiatement sur les kits suivants donc vous ne
devriez plus rencontrer ce problème. La clé d'aile est redressée, les débattements dans le bon
sens, et cette fois, c'est parti! Juste une petite correction au trim à piqué, et c'est parfait. Le pla-
neur a des trajectoires tendues et est maniable en roulis, la vitesse d'évolution est rapide, les
virages impeccables malgré l'absence de dérive. Le Pixel est une machine très sympa à piloter,
et fait preuve d'une finesse remarquable pour sa taille. Ceci est dû à son allongement important,
au choix du profil (E224) et à l'incidence intégrale qui ne dénature pas l'aile avec la présence
d'ailerons qui rajoutent de la traînée. Les virages ne posent absolument aucun problème: On
incline aux ailerons, puis on tire légèrement à la profondeur. La stabilité est parfaite, sans effet
secondaire.
Quand on pousse un peu la bestiole, les premiers mètres se font à assiette
constante, alors que le planeur accélère, puis, rapidement, le fuselage se remet dans l'axe de vol. Ce
phénomène est à peine perceptible et, au bout de 5 minutes de pilotage, on n'y fait même plus
attention. Par petit temps, le pixel est un vrai régal, mettant à profit sa finesse pour transiter de
bulle en bulle, et spiralant sans aucun problème, même dans les ascendances le plus étroites.
Par contre il convient d'être prudent à ce petit jeu là, car la petite taille du planeur devient vite
un handicap si vous voulez volez loin de la pente. Voyons maintenant ce que cela donne quand
on le pousse un peu: Malgré le faible poids de la machine (entre 700 et 750 gr), ça dépote réellement!
A pleine vitesse, le virage type F3F, c'est à dire sur la tranche, est une simple formalité,
le planeur se relançant bien en sortie de virage, et la vitesse d'évolution est impressionnante
pour une petite machine. Quand la vitesse diminue, le rayon de virage augmente, et l'absence
de dérive se fait alors sentir (si l'on veut conserver un peu d'aggressivité dans le virage), mais
on ne peut pas tout avoir, n'est ce pas?! Pour votre information, lors de la dernière édition du
concours F3F du Col du Glandon, Olivier Coutier a réalisé 1'01'' avec son Pixel, alors que les
Ellipses/Factors tournaient en 56''/58''. Ne concéder que 3 à 5 secondes sur 1000 m avec 9 vira-
ges, voila qui en dit long sur le potentiel de la machine. En voltige, toutes les figures élémentai-
res sont possibles: tonneaux, loopings renversements (en trichant aux ailerons) et les
combinaisons. Toutefois je ne pense pas que se soit la vocation première de cette machine. Le
vol dos nécessite de garder de la vitesse, sous peine d'atterrissage forcé sur le dos (sans doute le
profil ?). Il doit être possible d'améliorer le comportement en vol dos en reculant le centrage,
mais il faut être prudent car le décrochage arrive plus vite. A l'atterrissage, cela allonge, mais
on arrive cependant à ralentir le planeur et à le poser sans difficulté. L'atterrissage dans la main
est un régal...
PIXEL CONTRE SAMOURAI
Comme je l'ai dit dans l'introduction, le Samouraï de SIG, déjà testé dans RCM, a été le
premier planeur de grande diffusion à utiliser le principe de l'incidence intégral. De gabarits à
peu près équivalent, et vendus environs au même prix, il m'a semblé intéressant de faire un
rapide comparatif.
- Les ailes du Samouraï sont à construire entièrement. Vous avez les noyaux d'un côté, les
coffrages de l'autre... et votre courage! Large avantage Pixel... Par contre le coffrage du
samouraï est en CTP de 4/10 mm de toute beauté et surtout très solide.
- Du côté fuselage, là encore, le Pixel fait la différence, puisque celui du Samouraï n'est
même pas gelcoaté, comme c'est la tradition aux US.
- Le stab du Samouraï est du type planche profilé, démontable mais d'une seule pièce ce
qui n'est pas très pratique pour le transport. Par contre, ce système supprime l'étapes délicate
du collage des tubes avec le bon dièdre.
- Petit avantage pour le Samouraï, avec son système d'incidence en Nylon épais, utilisant
des chapes à rotules.
En vol, le comportement des deux planeurs est similaire, mis à part les qualités ou défaut
de chaque profil (RG14 pour le Samouraï et E224 pour le Pixel). On retrouve les mêmes sensa-
tions de pilotage et les même accélérations.
CONCLUSION
Bravo à Alain Maréchal et François Cahour pour la conception de ce redoutable petit planeur
et puis félicitons la société AIRTECH qui nous en fait profiter en ayant rajouter, au
passage, un peu de fantaisie avec l'emploi de gelcoats colorés. Un kit très complet qui ne nécessite
que peu d'heures de construction pour donner finalement un petit planeur bien sympathique
qui vous accompagnera partout, soit pour essayer la pente avant de lancer votre Discus de
8m50, soit tout simplement pour voler n'importe où: Dunes de 3 mètres de haut, falaises, haute
montagne. Un planeur pour voler sans modération!...
FICHE TECHNIQUE
Envergure/WingSpan 1.55 m
Poids/Weight 750 g
Allongement/Aspect ratio 11.5
Surface/area 19.5 dm2
Charge Alaire/Wing loading 38 g/dm2
Profil/Section Eppler 224
Prix/Price 950 fr
Fabricant/Manufacturer: AIRTECH, 235 bis avenue de Grenoble, 38 180 SEYSSINS, FRANCE
Tel: (33) 76 84 07 54, FAX (33) 76 84 03 70
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