MIRAJ AEROMOD: Petit mais très musclé !!!

par Pierre Rondel

 

INTRODUCTION

Après l'Aldij essayé dans ces colonnes il y a quelques mois, voici un nouveau venu sur le devant de la "scène", développé par un binôme maintenant bien connu des habitués du vol de pente: Marcel Guwang et Alexis Maréchal. La cible clairement affichée de ce planeur est le vol de pente et plus particulièrement le F3F. Devant l'enthousiasme des concepteurs lors des premiers essais en vol, je me suis laissé tenter par l'achat d'un Miraj, qui me permettrait d'avoir un planeur à la fois compact et compétitif, compagnon de voyage idéal. Mais voyons si ce planeur tient ses promesses.

UN CONCEPT ORIGINAL

Fidèle à son habitude, Alexis Maréchal a voulu sortir des sentiers battus pour ce planeur de F3F en faisant des choix aérodynamiques, mécaniques et de construction originaux dont voici une liste non exhaustive:

· Petite envergure (2m48) permettant de réaliser un moule d'aile d'une seule pièce

· Profil d'aile MG06 (profil reflex à 7.5% d'épaisseur) développé par Marcel Guwang

· Corde d'aileron et volet de 30 %

· Pas de quadroflap mais un volet unique commandé par un servos situé dans le fuselage

· Servos d'ailerons loger sur le panneau central et non sur les panneaux extérieurs

· Ailes stratifiées sans longerons avec une peau carbone en tissu unidirectionnel 125 g/dm2

· Ailerons "débouchants" (c'est à dire allant jusqu'à l'extrémité de l'aile), pour plus de nervosité.

· Profil de stab "double reflex" MG05 améliorant la linéarité de la commande autour du neutre.

Le kit comprend les éléments suivants:

· Ailes en 3 pièces, gouvernes découpées, fourreaux posés.

· Fuselage fibre, clés de stab positionnées et pointées à la cyano, tube à ballast posé.

· Stabs, gouvernes découpées

· Un sachet avec des chapes à boules (diamètre 2 mm)

· une platine en bois

· 4 clés d'ailes en jonc carbone de 8 mm

· Une notice, bien faite avec toutes les informations nécessaires à la construction et aux réglages

· Un formulaire d'appréciation à retourner au fabricant (très bon point !!!)

 

       
   

 

   

LES AILES

Ces ailes sont moulées en une seule pièce avec les fourreaux intégrés et le dièdre entre la partie centrale de l'aile et les parties extérieures. Cette technique de moulage garanti un ajustage absolument parfait des éléments entre eux, une fois l'aile coupée en 3 tronçons. Revers de la médaille: il est quasiment impossible de changer un seul panneau s'il est endommagé. Il faut passer par le changement complet de l'aile.

L'état surface est très propre, même s'il n'est pas parfaitement brillant. Un petit coup de polish ou de Miror lui donnera l'éclat que vous souhaitez. Cependant lors de la construction, faites attention à ne pas salir la peinture, et n'hésiter pas à protéger vos ailes. La peinture, de type acrylique, ne supporte que l'essence de type F, que l'on trouve sans problème en grande surface. L'acétone, white-spirit, et autre distillats de pétrole sont à proscrire!

La rigidité de l'aile est excellente, même sans longeron, les panneaux étants reliés entre eux par 2 clés d'ailes en jonc carbone de 8 mm. Les ailerons et le volet sont déjà découpés, ce qui vous évitera cette fastidieuse étape, c'est un très bon point, que l'on retrouve désormais sur tous les kits de la gamme Aeromod.

 

 

Voici la liste de ce qu'il reste à faire sur ces ailes:

· Repérer et percer les trous de passage de vis de fixation de l'aile sur le fuselage. J'ai utilisé des vis métal de 4 mm, même si le constructeur préconise des vis plastique de 5mm ou 6mm faisant office de fusible en cas de crash ou d'atterrissage trop dur.

· Installer les servos d'ailerons en bout de panneau central: Deux petits blocs en bois sont déjà noyés au moulage pour recevoir le servos et pouvoir ainsi le visser. Je vous recommande d'utiliser des servos de 13 mm, solides et puissants (pignons métal de préférence): J'ai choisi les HS85 BB MG d'Hitec, qui me donne entière satisfaction pour le moment, mais surtout qui ont un prix raisonnable. Au départ j'ai essayé de mettre des MPX Micro MC de 15mm d'épaisseur, j'ai du finalement renoncer, faute de place. Il suffit donc de creuser le polystyrène entre les deux petits blocs en bois et d'y loger le servos. Un trou de passage des fils de servos débouche à cet endroit. Vous pouvez même envisager de garder la prise de servos et de le prévoir entièrement démontable dans le cas de changement de pignons, ou alors d'échange standard, cela peut être parfois très pratique.

· Creuser les champs des gouvernes d'ailerons et de volet, puis les boucher à la micro-ballon. Le but est de fermer entièrement les gouvernes afin de parfaire la rigidité en torsion, d'autant plus nécessaire que la commande d'ailerons attaque celui-ci à son extrémité. Pour creuser, utiliser une petite lime ou du papier de verre, mais éviter d'utiliser la pointe d'un fer à souder qui risque de faire plus de dégâts que de bien …

· Creuser les champs du côté de l'aile afin que les gouvernes puissent débattre. En effet, les gouvernes ont été judicieusement découpées avec un biseau ce qui évite d'avoir à boucher la fente à l'intrados, celle ci étant réduite au minimum. Pour vérifier que vous avez assez creuse, montez la gouverne avec deux petits bouts de scotch et faites la bouger. Par ma part, j'ai du poncer légèrement la peau a l'intrados qui accrochait un peu les gouvernes quand elles débattaient vers le bas.

· Installer les guignols. Il faut creuser un petit logement carré de 8mm de largeur et de profondeur, avec une mini perceuse , en accédant par le champ de la gouverne. Puis percez le trou à l'intrados pour le guignol. Immobilisez le avec une pointe d'époxy rapide, puis noyer le dans un mélange époxy et micro ballon. Je n'ai pas utilisé les chapes à rotules fournies dans le kit, mais j'ai préféré des guignols en alu (vis à śil, diamètre 4 mm) de chez Multiplex, guignols qui respirent la santé, sur lesquels je viens me connecter avec des chapes standard métalliques de diamètre 3mm.

· Toute les opérations précédentes terminées, il reste à faire les charnières d'articulation, au scotch ou alors en utilisant du joint silicone. C'est la première fois que j'utilisais cette technique, sur les conseils de Marcel Guwang, et j'avoue que finalement, c'est très facile à faire et que le résultat est parfait. Reportez vous à l'encart pour les explications sur la pose de ces charnières en joint silicone.

Ah j'oubliais, J'ai utilisé pour connecter l'aile et le fuselage un connecteur 6 points avec détrompeur MPX de couleur verte (existe aussi chez Jamara, en couleur rouge), connecteur non fourni dans le kit.

LES STABS

La technique de construction est la même que pour les ailes. Il reste à faire la charnière d'articulation ainsi que d'installer la manivelle et la chape à rotule sur les volets de stab et enfin un pion de centrage.

Alexis Maréchal conseil d'utiliser comme pion de centrage un boule de chape à boule rentrée en force et jouant également le rôle de verrouillage des stab sur le fuselage. Pour ma part j'ai utilisé un petit bout de corde à piano de 2mm. Soyez bien vigilant au moment du positionnement du stab sur les karmans afin d'avoir une incidence identique pour les 2 demi stabs. La présence de karman facilite cependant le travail.

Les manivelles sont en corde a piano de 2mm coudée avec une chape a boule soudée a l'extrémité. Les manivelles sont ensuite collées dans les volets de stab avec de la micro ballon.

LE FUSELAGE

Le travail sur le fuselage consiste en 3 étapes:

Installer des écrous a griffes (non fournis) pour la fixation de l'aile. Je les ai d'abord collé sur une petite platine en CTP 3mm, puis colle la platine par l'intérieur du fuselage, en prenant bien soin de laisser sécher avec l'aile en place, parfaitement positionne (équidistance entre chaque saumon et l'arriere du fuselage.

Renforcement des clés de stab: Celle ci sont déjà installe a demeure, mais juste pointer a la cyano. Il faut donc les immobiliser avec un mélange époxy micro-ballon ou fibrette. De plus , il s'agit de tube carbone qui peuvent casser lors d'un atterrissage un peu dur. Pour solidifier tout cela, j'ai utilise la technique d'Olivier Aubel (merci Olivier pour l'astuce !) que je vais vous décrire: Les tubes carbone se rejoignent au centre du fuselage permettant de passer des mèches de carbone à l'intérieur. Passer tout d'abord une ficelle, l'accrocher aux mèches carbone (pliées en 2 et attachées au centre), "mouiller" ces mèches avec de l'époxy, puis tire la ficelle jusqu'à faire ressortir les mèches de l'autre côté. Un fois sec, couper à la meuleuse ce qui dépasse, et le tour est joué ! C'est simple et particulièrement efficace.

       

 

 

Installation radio: Celle ci est originale, puisque il s'agit d'une platine verticale, amovible, et vissée sur le flanc du fuselage par 2 vis. La platine est fournie dans le kit. Les 2 servos (mini ou micro servos, S5102 Futaba pour moi) de stab sont montes têtes en bas alors que le servos de volet (Europa BB dans mon cas), de taille standard est monte palonnier en haut. La préparation de la platine se fait en dehors du fuselage. Une fois les servos positionnés, utiliser des petites bouts de baguette samba colle à la colle PU pour les bloquer. Les servos sont ensuite tout simplement visse sur ces blocs samba. La platine est fixe verticalement, sur le flan du fuselage par deux vis à bois, ou alors comme moi avec deux vis de 3 mm, des écrous étant collés sur la platine. J'ai aussi fixé le récepteur (un C19 Graupner) sur la platine avec deux colliers de serrage en plastique, alors que la batterie (1200 mAh) vient se loger dans le nez du planeur avec un peu de mousse pour la caler et un bout de gaine thermoplastique pour bien l'immobiliser.

Les commandes de profondeurs sont en tube carbone de 5mm de diamètre extérieur (marque décathlon, pub gratuite) + tiges filetées de 3 mm et chape à boule côté gouverne, chapes métalliques 3mm côté servos.

Il vous restera à réaliser les ballasts à la forme requise (section rectangulaire), qui je doit le dire n'est pas tres pratique. Il aurait été préférable de moule le tube a ballast autour d'un tube de diamètre standard, nous permettant ainsi de couler le plomb dans des tubes, recoupes ensuite a la bonne longueur. C'est le seul point lors de la construction, ou j'ai rager et maudit Alexis !!! Mon moule a ballast en bois, réalise pour l'occasion, fumait de partout quand j'y mettait le plomb, et les lingots obtenus ressemblent plutôt a des chocolats pyrénéens qu'à des ballasts… Depuis Andreas Fricke, au titre de la bonne entente franco-allemande, m'a donné des ballasts bien mieux réalisés, Merci Andreas!

 

PREMIER VOL

Les conditions météo lors du premier vol n'étaient pas spécialement fumantes, mais m'ont permis de jauger le planeur. Le planeur vole naturellement vite, volet en lisse, ce qui est normal vu l'épaisseur de 7,5 % du profil. La spirale se tient bien, même si le dièdre est faible. L'absence de quadroflap ne se fait absolument pas sentir, l'efficacité des ailerons débouchants faisant merveille. La réponse en lacet est également excellente pour un stab en V. Selon Marcel Guwang, l'utilisation du MG05 y est pour quelque chose.

Si le planeur fait preuve d'une excellente finesse en lisse, j'ai un premier feeling mitigé quand aux volets. Le planeur vole queue basse et s'enfonce rapidement dans la dégueulante. Retour à l'atelier, je relis la notice: ha ! mes valeurs de volets sont insuffisantes, je me disais aussi …

La semaine suivante, de nouveau petites conditions, mais cette fois ci le planeur est parfait: la ligne de vol ne change pas quand on met les volets et en ajoutant un petit de compensation à la profondeur, la vitesse diminue un peu, par contre l'aile porte beaucoup plus, ce qui permet de gratter parfaitement. Ce jour là je rivalisait avec des planeurs considérés comme gratteurs (Ellipse 2, Dragon).

Le Miraj fais preuve d'une agilité et d'une précision extraordinaire sur l'axe de roulis. Si bien que la voltige devient un régal alors que ce n'est pas du tout sa destination. Les tonneaux à facettes peuvent être tournés sur place ou plus lentement, le planeur reste sur des rails.

Les accélérations sont rapides et franches, ce qui permet de se lancer sur une courte distance lors d'un "run" F3F.

Personnellement, je ne pilote pas 4 axes: Pour moi, le véritable pilotage 4 axes, contrairement à ce que j'ai pu lire dans certain articles, c'est quand le manche généralement dédié aux aérofreins possède un retour au neutre et agit sur les volets à cabrer ou à piquer. Tout autre utilisation des volets avec un mixage profondeur (snapflap symétrique ou non) ou avec un inter 3 positions n'est pas du pilotage 4 axes ! Ou alors cela fait 10 ans que je pilote 4 axes sans le savoir …

Cette parenthèse étant close, revenons au Miraj: Même si celui si a été conçu au départ pour une utilisation en 4 axes, on peut sans probleme s'en passer. Un interrupteur 2 positions suffit avec une position en lisse et une position volets baissés de 4 mm. Par contre cette position volet baissés est indispensable pour le petit temps afin de compenser la faible épaisseur du profil. Le mixage snapflap est lui aussi utile, pratiquement dans toutes les conditions afin d'augmenter la portance en virage F3F. Il n'amène aucun effet secondaire et permet de virer serré, même quand les conditions de portance sont limites.

En conditions turbulentes, la stabilité du Miraj est en atout non négligeable pour rester parfaitement en ligne, même très près du relief. Son comportement en vol rappelle d'ailleurs un peu le comportement du Tempus avec son aile elliptique.

L'utilisation des ballasts demande un peu d'habitude, du fait des performances en vol du planeur. Je dirais que l'on ballaste plus tard et moins qu'avec un planeur comme le tempus, ou le cobra calypso.

 

LE MIRAJ EN COMPETITION

Pour éviter d'avoir à écrire un jugement du style: "ce planeur doit sûrement être redoutable dans telle ou telle catégorie, … mais je n'ai pas essayé!", j'ai emmené le Miraj avec moi en Espagne pour l'open international de la Muela près de Madrid, et ce après seulement 3 séances de vol. Mais je me sentais en confiance avec le planeur, et il me semblait que le meilleur moyen d'évaluer son potentiel était de le plonger directement dans le "grand bain" face à des planeurs redoutables tel que les tempus/tragi/pike/wizard compact/ellipse 3/ellipse2/V-ultra pico.

Le Miraj s'est montré à la hauteur, se distinguant une fois encore par son agilité et sa stabilité. Même si l'effet de taille joue contre lui, sa capacité à virer très serré lui permet d'être particulièrement compétitif. J'ai rencontré quelque problème pour décider ou non de ballaster le planeur mais c'est parce que je ne le connais pas encore assez. Malgré ces petites erreurs tactique, je termine sur la deuxième marche du podium et Marcel Guwang termine 4 ieme, lui aussi avec un Miraj. 2 Mirajs dans les 4 premiers sur 40 pilotes dont des pointures du F3F, je pense que la démonstration est convaincante. La semaine suivante, le Miraj a confirmé son potentiel à La Madeleine avec des conditions très différentes et beaucoup moins de portance.

CONCLUSION

Décidément les planeurs sortant des ateliers Aeromod ne peuvent pas laisser insensibles. Le Miraj n'échappe pas à la règle en se positionnant d'entrée de jeu parmi les meilleurs.

Au jour d'aujourd'hui, le Miraj est sans conteste possible le meilleur rapport performance/prix du marché pour un planeur de pente et de F3F et je pèse mes mots, résultats à l'appui ! Certes, il y a un peu plus de boulot que sur une production venant des pays de l'Est, mais le comportement en vol est au dessus de bien des planeurs beaucoup plus cher. Alors pour celui qui recherche une machine performante, compacte, et compétitive pour le vol de pente, c'est résolument un bon choix. Quand à moi je ne regrette pas d'avoir acheté cette machine qui me donne entière satisfaction et que je n'hésiterais pas à emmener avec moi à la Viking Race ou lors de mes prochains déplacements professionnels aux US , histoire d'aller faire un petit concours de F3F du côté de la Californie…

 

 

CARACTERISTIQUES

· envergure: 2.48 m

· surface alaire: 42 dm2

· allongement: 14.6

· poids 1.7 Kg

· charge alaire: 40 g/dm2

· ballast: jusqu'à 700 g

· construction: fuselage fibre, aile pleines moulées carbone

· prix: 3200frs

 

J'ai aimé:

· Les qualités de vols exceptionnelles

· Compacité du planeur une fois démontés

· Le look

J'ai moins aimé:

· Le format des ballasts, pas facile a faire

· La peinture fragile lors de la construction

 

ENCART: réalisation de charnière en joint silicone

Rien de plus facile, cela prend 15 minutes pour toutes les gouvernes, le plus long étant le temps de séchage qui est de 24 à 48 heures environ.

Il faut tout d'abord scotcher les gouvernes en place avec du scotch transparent de bureau (celui qui est opaque). Laisser entre la gouverne et l'aile un demi millimètre. Puis positionner l'aileron à 90 degrés et l'immobiliser dans cette position avec du scotch.

J'utilise du silicone blanc (marque carrefour) pour bien visualiser les endroits où j'en met, mais il est possible d'utiliser du silicone transparent.

Couper l'embout applicateur afin d'avoir un filet de silicone de 2 mm de large à la sortie du tube. Appliquer le silicone sur toute la longueur. Puis passer le doigt, préalablement tremper dans de l'eau avec un peu de liquide vaisselle, pour bien appliquer le silicone et enlever le trop plein. Une passe suffit.

Remettre ensuite la gouverne au neutre, l'immobiliser, puis laisser sécher patiemment 24 heures.

Une fois sec, enlever le scotch et le tour est joue !!!

Je vous assure, c'est vraiment très facile et le résultat est vraiment excellent.



 
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