Pierre Rondel
01/11/2010

 

Introduction

Le Parapente RC est une discipline qui existe depuis quelques années déjà, mais qui est longtemps restée très confidentielle. Elle s’adresse en effet surtout aux personnes sachant bricoler, et surtout coudre car il n’existait pas vraiment de kit sur le marché. On parle ici de plusieurs dizaines d’heures pour la fabrication d’un tel parapente RC ! Mais les choses évoluent avec l’apparition du kit RTF de la Spiral 1.2 de Opale Paramodels, une jeune société française crée par Mathieu Charles, parapentistes et modélistes qui a su combiner ses deux passions en créant ce parapente radiocommandé. Un parapente RC, « made in France » de surcroit ? Voici l’essai de ce modèle réduit d’un genre très particulier !

Un vrai kit RTF !

DSC00866Dans le carton expédié par la poste, on trouve un joli petit sac à dos en bandoulière de couleur vive avec le logo Opale Paramodels qui contient les éléments suivants :

Il n’y a absolument rien à construire c’est du vrai « ready to fly ». Il suffit d’un récepteur (2 voies mini) et d’un accu de réception. L’aile (la voile) est disponible en trois couleurs (rouge, bleu, orange) avec chaque fois un intrados blanc. Dans le cas d’un émetteur 2 voies, un V-mixer peut être aisément utilisé côté récepteur. Pour vous aider en image, 2 vidéos tutoriels très bien faites sont disponibles sur YouTube et expliquent par étapes la mise en œuvre de la Spiral 1.2.

Intéressons nous maintenant de plus prés à l’aile et au pilote composant le kit.

Le pilote et sa sellette:

Il s’agit d’une poupée mannequin de 30 cm environ, en plastique, et entièrement articulée, dont les bras on été remplacé pas 2 servos de taille standard (20mm d’épaisseur) et de forte puissance. Les palonniers reçoivent des bras en polycarbonate transparent, matière très résistance, avec un trou à son extrémité pour l’attache des suspentes de bord de fuite. Il est habillé et chaussé. Petite remarque, les chaussures tiennent tout juste en place et j’en ai d’ailleurs perdu une, dés la première séance de gonflage. Je vous recommande donc de fixer à l’aide un bout de scotch double face sous les pieds. Dans le bas du dos du pilote sortent les fils de servos qui passent dans la sellette. Le pilote est déjà installé sur la sellette dans son harnais. 2 boucles reçoivent 2 manillons en inox pour attaché les boucles terminant les suspentes de l’aile. La sellette s’ouvre sur le coté sur une dizaine de centimètre par une fermeture éclair pour permettre d’y glisser le ballast, la batterie et le récepteur.

La voile:

DSC01103La voile, quant à elle, est un véritable petit bijou. Développée grâce à des outils de simulation aérodynamique bien connus de certains modélistes, c’est la version réduite d’une aile grandeur. Fabriquée en Tissus nylon ultra light 20D de premier choix (même qualité que sur les parapentes grandeur), elle possède 23 caissons ouverts au niveau du bord d’attaque et communiquant entres eux qui permettent à l’air de s’engouffrer et gonfler la voile et obtenir une forme aérodynamique avec un vrai profil avec son épaisseur et sa courbure. Les 4 rangées de suspentes, dont une pour les freins, sont réalisées en kevlar 0,4 mm. Toutes les boucles sont terminées par des épissures, donc sans nœuds. C’est vraiment du très bel ouvrage !

Du ballast sinon rien !

La pilote équipé pèse environ 300 gr. La surface de l’aile est de 1.2 m2 donc c’est bien trop léger et on ne volera donc jamais à vide. En effet, en parapente RC comme pour un grandeur, il faut une charge alaire minimale pour d'une part que l'aile soit suffisamment en tension pour conserver sa forme, ensuite pour avoir suffisamment de résistance à la turbulence, et pour finir, que le pilote puisse agir correctement sur les commandes de freins sans que la sellette ne se lève du coté où l'on actionne le frein. J’ai personnellement utilisé les ballasts en tungstène de mes planeurs F3F, me permettant de monter à 1.4kg. Si vous n’en avez pas, il vous faudra mouler quelques barreaux de plomb adapté à la dimension de la sellette. Afin d’être capable d’adapter la charge alaire en fonction des conditions de portance, des plombs de 200gr sont à mon avis bien adaptés. Prévoir alors 7 à 8 ballasts de 200grs afin de pouvoir monter à 1.6kg de ballasts soit 1.9kg en comptant le pilote. Ce ballast se positionne au fond de la sellette, sous le pilote afin de ne pas modifier le centre de gravité. Ensuite viennent prendre place la batterie de réception (4 éléments R6 pour ma part) et enfin le récepteur, bien protéger dans de la mousse.

Premier montage de l’aile :

C’est une étape importante dont dépend le succès des premiers vols. Ensuite, il sera facile de laisser le pilote attaché en permanence à l’aile, afin de ne pas perdre les réglages. Après avoir déplier l’aile sur le sol dans un endroit abrité du vent, on déploie les suspentes en vérifiant bien qu’il n’y a pas de suspente croisées, puis on enfile la boucle terminale dans les manillons, en respectant le sens de la voile et du pilote bien entendu. Bien vérifié lors de cette opération que les suspentes de bord d’attaque se retrouvent sur le devant du manillon, et que les suspentes de frein se trouvent bien derrière. Il faut ensuite défaire les nœuds des 2 suspentes de frein. Les suspentes passent dans les anneaux et viennent se nouer dans le trou à l’avant des bras en polycarbonate. Il y a une petite marque noire sur ces 2 suspentes qui servent de repère. En ce qui me concerne, la petite marque noire se retrouve environ 7cm après le trou. La longueur des suspentes de frein est primordiale pour le réglage du contrôle de l’aile, comme nous le verrons plus tard.

Le vol :

IMG_2998Le secret d’un premier vol réussi est de bien régler la longueur des suspentes de freins. On commence par régler les suspentes de frein à vue de nez en faisant quand même attention qu’elles aient la même longueur à droite et à gauche. Il faut ensuite trouver ce que l’on appelle le point de contact, c'est-à-dire le point ou le bord de fuite commence à « mordre » l’air et avoir un effet sur la voile. Ce point de contact est généralement obtenu avec un bord de fuite baissé de 2 à 5cm, les bras du pilote au neutre.

Pour cela, le plus facile est de ce faire aider par deux personnes qui tiennent la voile gonflée, aux saumons et du bout des doigts, face au vent pendant que vous regarder le comportement de la voile quand vous agissez sur les commandes (droite/gauche, freiner/relâcher). Si vous freinez, la voile va avoir tendance à ce dégonfler. Si ce n’est pas du tout le cas c’est que les suspentes son réglées trop longues, donc les raccourcir et recommencer le test. Si au contraire vous n’arriver pas à tenir la voile gonflée face au vent, les bras au neutre, c’est que les suspentes sont trop courtes.

En tous cas, prenez votre temps pour faire ce réglage. Quand tout semblent ok, et si la pente est suffisamment inclinée, il suffit de lever un peu la voile et de la lâcher en l’accompagnant pour qu’elle décolle, droit devant vers « l’infini et au delà » ! La technique change radicalement si l’on est seul: On tient le pilote, on gonfle la voile en la faisant basculer au dessus de soi avant de la lâcher quand elle se trouve au dessus de la tête, face à la pente. Cette méthode nécessite tout de même un peu de pratique.

Lors des premiers mètres, un petit réglage au trim peut s’avérer nécessaire pour que la voile file bien droit, sans correction. Vous pourrez vérifier également le bon réglage du point de contact : Une sollicitation sur le manche a un effet immédiat sur la trajectoire de l’aile.

Bien réglée, La Spiral 1.2 procure un plaisir de pilotage très différent de ce que l’on peut connaitre avec un planeur. La vitesse d’évolution tout d’abord qui est plus faible qu’un planeur, même si j’ai trouvé finalement qu’elle faisait preuve d’une bonne finesse et vitesse sur trajectoire. On peut parcourir du terrain sans problème, s’éloigné de la pente. Ensuite sur le manche de profondeur, on agit sur le frein ou on laisse filer la voile, mais on ne cabre pas ou pique pas comme sur un planeur.

IMG_3058Le « soaring » (anglicisme utilisé pour décrire des trajectoires le long de la crête de la pente en restant dans la dynamique créée par le vent) est magique tellement le réalisme est bluffant, seul le grognement des servos trahi qu’il s’agit en fait d’un modèle réduit. La spiral 1.2 se pilote du bout des doigts autour du neutre. Je vous conseille d’ailleurs d’utiliser un peu d’exponentiel ce qui vous permettra de piloter plus finement autour du neutre tout en gardant les pleins débattements au cas ou. Pour avoir de belle trajectoire, il faut aussi anticiper, car la réponse de la voile est plus lente que sur un planeur, et c’est bien normal. Maintenant, la Spiral 1.2 est maniable et peut virer court, voire exécuter des 360°. Là aussi, il faut bien anticiper la sortie de virage. L’aile signale très clairement les zones de portance et les dégueulantes. La stratégie de vol est alors très similaire : On restera dans une zone de portance pour se laisser monter en privilégiant les grandes trajectoires bien à plat. Lors de mes essais, effectués exclusivement en montagne, j’ai été un peu gêné par les changements de portance prononcés lors d’un même vol, soit on part bien ballasté et la portance diminue, donc le parapente descend inexorablement, soit on part trop léger et lorsque la portance arrive pendant le vol, le parapente se fait embarqué par le vent. On privilégiera donc la brise régulière (thermique ou dynamique) alimentant la pente de manière homogène et continue. On détermine ensuite le ballast approprié. En général on commence à 800 g minimum.

De la même manière la Spiral 1.2 n’aime pas les turbulences. J’ai eu quelques fermetures, spectaculaires mais sans aucun danger, la voile reprenant immédiatement sa forme et poursuivant son vol comme si rien n’était. Côté figures, le décrochage est possible en tirant sur les freins et si les suspentes sont bien réglées. La voile se referme alors symétriquement et se regonfle dés que l’on relâche le manche. L’autre figure réalisable est une sorte de spirale descendante (360°). On maintient le virage d’un coté, le pilote tournant de plus en plus vite en plongeant vers le bas. Bien que spectaculaire, cette figure reste le moyen le plus efficace pour descendre rapidement dans le cas ou le parapente RC atteint une altitude trop importante. Je me suis personnellement arrêté à 2 tours complets, mon altitude n’étant pas suffisante pour effectuer plus de tours.

L’atterrissage se fait tout le temps vent de face. On essaye de « tangenter » le sol en jouant sur les freins pour ralentir l’aile et la faire chuter. Attention à ne pas atterrir trop brutalement car la masse important du ballast dans la sellette rend le contact du pilote avec la planète un peu délicat. Le mien a perdu ses 2 jambes à la hauteur du genou suite à 2 atterrissages frontaux et un peu rapides. C’est pour moi le seul bémol du kit. Cela se fixe aisément en fabriquant une attelle avec de la corde à piano ou du fil électrique mono filament. En préventif, vous pouvez aussi renforcer facilement ce genou fragile avec quelques bandes de scotch armé.

Conclusion :

Ne nécessitant absolument aucun assemblage, la Spiral 1.2 de Opale Paramodels est un produit vraiment original qui offre une expérience de vol absolument unique et vraiment très ludique, doublée d’un réalisme presque parfait. De plus le succès sur la pente est garanti comme j’ai pu le vérifier à plusieurs reprises. Il n’y a qu’à voir l’attroupement sur la pente dés que je sors la Spiral 1.2 et commence à faire des gonflages. Elle comblera ceux qui cherchent l’originalité et la compacité, car une fois rangée, la Spiral 1.2 tient dans le vide poche de la voiture. Bon « soaring » à tous !

 

IMG_3130Caractéristiques techniques:

 

J’ai aimé

  • L’originalité du produit livré dans son sac de transport
  • La qualité de fabrication
  • L’expérience de vol originale et très ludique

J’ai moins aimé

  • Fragilité des jambes
  • La notice un peu succincte sur le chapitre du vol

 

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