WindRider Fox

WindRider Fox
Pierre Rondel
29/04/2008

Introduction

Le marché des planeurs en EPP et dérivés est en pleine explosion. Il suffit de feuilleter les pages des catalogues des grands fabricants pour s'en convaincre. Moins connu, Windrider, basé à Hong Kong est l'un des premiers fabricants a s'être lancé dans les kits moulés en EPP à partir de 2001, d'abord avec des ailes volantes puis avec l'EasyGlider (à ne pas confondre avec celui de Multiplex). Plus récemment, Windrider a frappé fort en sortant une superbe réplique de 1,80m du fameux Airbus A380, en PSS !!! Aujourd'hui Windrider récidive avec la sortie très attendue de ce petit Fox de 1,67m d'envergure dont je vous propose l'essai. Je dis " très attendue " car manifestement la gestation de ce modèle a été longue, puisque il aura fallu presque 2 ans depuis le lancement de l'idée et d'un plan 3D du planeur sur un forum américain… Ce Fox est sans doute la première semi maquette EPP moulé de planeur sur le marché et pour tout vous dire le résultat est vraiment très réussi, puisque le kit est très complet et propose même une petite roue pour la touche finale.

Le kit

C'est avec curiosité que l'on ouvre le carton. 2 cartons épais, symétriques, contiennent pour l'un les ailes, le stab et la clé d'aile, et pour l'autre les pièces du fuselage et les accessoires. Ces 2 cartons seront ensuite idéals pour transporter le planeur terminé, c'est un bon point. Venons-en au contenu: Le kit du Fox est bien pensé avec un stab démontable, un nez en plastique pour encaisser les chocs (ce qui évitera à votre planeur de ressembler trop vite à Gonzo), une verrière peinte avec fermeture par aimants. Les pièces moulées en EPP sont propres, s'assemblent sans problème et l'accastillage est complet et contient même un rouleau de scotch armé. Les longerons (tube carbone) sont déjà noyés dans la matière lors du moulage. Il ne manque plus que la radio et la colle. Pour ma part, tous les collages ont été réalisés à la cyano et à l'activateur ou alors à la colle " résiste à tout ", colle souple et transparente qui prend bien sur l'EPP et qui sèche en 1 à 2 heures ce qui permet de repositionner les pièces lors des collages délicats. La bouille du Fox est parfaitement reproduite et avant même de commencer l'assemblage, on se prend a faire un montage à blanc pour admirer comment sera le résultat final. Il n'y a pas à dire, il a une sacré gueule ! Bon allez, on s'y met ?

Le fuselage

C'est le fuselage qui demande le plus de travail. Il est composé de 3 parties (2 demi coquilles et une partie arrière pleine) qui faut assembler progressivement sans oublier d'y inclure certaines pièces ou câbles / éléments radio. Logiquement on attaque par la partie arrière. Deux solutions s'offrent à vous : tout d'abord celle pour les " faignants " qui consiste à ne rien faire, c'est-à-dire ne pas installer de volet de dérive, puisque celle-ci est optionnelle. En effet, le Fox de Windrider a été conçu initialement pour ne pas à avoir de dérive, mais devant la pression des modélistes suivant l'évolution du projet, Ming Lou (Mr Windrider) a décidé de rajouter quelques repères au moulage permettant facilement l'ajout de cette dérive. Ayant un servos de 5g qui trainait dans un tiroir, j'ai décidé de la monter dés le début.

Le volet de dérive est tout d'abord découpé en suivant le contour du volet, fait au moulage, puis biseauté pour permettre un débattement suffisant. La charnière est faite par une languette en scotch armé sur l'un des cotés de la dérive. Je me suis aperçu que, une fois le volet découpé (avec la compensation) et articulée avec du scotch, elle coinçait un peu en bout de course (la compensation accroche le sommet de la partie fixe de la dérive) car la rotation autour de l'axe de charnière sur l'un des coté de la dérive n'est pas naturelle. Mon conseil est donc plutôt de découper le volet de dérive sans la compensation.

Le servos de 5 g est logé dans l'épaisseur de la dérive et attaque en directe le volet de dérive par une petite commande en CAP De 1.5mm, fournies dans le kit. Il faut ensuite rallonger le câble de servos et l'insérer dans le fuselage, d'abord à l'extérieur sur la partie arrière, puis à l'intérieur entre les 2 demi coquilles, et ce jusqu'au logement radio. Désirant laisser libre la saignée réservée normalement aux rallonges de servos d'ailerons, je l'ai fait passé en dessous de cette saignée, dans la matière.

Je me suis ensuite attaqué au logement radio. Mon accus de réception étant déjà câblé à plat, 2 + 2 éléments, j'ai creusé l'avant du logement radio pour pouvoir y glisser l'accus. Cela permet aussi éventuellement d'avancer l'accus et faciliter le centrage. On colle ensuite le servos de profondeur (servos de taille standard type s3003 ou s148 de Futaba) à la colle " résiste à tout ". A croire que ce logement à été fait autour de ce servos tellement il vient se loger sans jeu. Une fois les rallonges de servos réalisées et mises en place, puis protégées par une bande de scotch papier afin d'éviter la colle de couler dans les saignées, il est temps de fermer les 2 demi coquilles avec soin, en utilisant la colle " résiste à tout ". On peut ensuite parfaire le collage dans les coins ou sur le plan de joint avec une goutte de cyano puis un petit coup d'activateur. Pour terminer avec le fuselage, on colle le nez en plastique caoutchouté qui vient protéger le nez fin du Fox des chocs à l'atterrissage. La fermeture de la verrière s'effectue par de petits aimants à coller dans des logements prévus à cet effet. Sauf que si on les colle sans vérifier, ils ne se trouvent pas en contact la verrière fermée, surtout sur l'aimant situé à l'avant.

Les Ailes et le stab

Le travail sur les ailes est rapide et consiste a coller les servos d'ailerons (servos 9g) dans leur logement, palonnier au neutre, à rallonger le câble du servos pour qu'il débouche à l'emplanture et le glisser dans la saignée prévue à cet effet. Un scotch renforcé vient fermer cette saignée. Ces servos dépassent largement en épaisseur car l'aile est très fine à cet endroit. J'ai pris le parti de laisser dépasser plutôt que de creuser le logement au risque de fragiliser l'aile et décher à l'extrados. Les guignols d'ailerons sont mis en place avec la commande (CAP 1.5 mm coudé aux 2 extrémités). Ces guignols sont supers, car clipsable de manière définitive. Je les ai en plus immobilisés à la cyano par précaution, mais je pense que l'on pourrait s'en passer. Pour le stab, il faut séparer le volet de la partie fixe, puis le repositionner cette fois ci avec une bande de scotch armé. Je me suis tout d'abord demandé pourquoi. En fait, le volet reste, même après quelques manipulations, assez dur à bouger, donc le fait de l'articuler plutôt avec un scotch permet une gouverne plus libre. Reste ensuite à clipser/coller le guignol de stab.

Direction la pente !

Un petit tour sur la balance tout de même avant d'aller à la pente: 415 g prêt à voler et ceci sans un gramme de plomb supplémentaire pour respecter le centrage préconisé par la notice, moi j'apprécie !

Le Fox vole plutôt vite malgré le fuselage assez volumineux et reste stable en trajectoire. Il remonte bien le vent, sans être pénalisé par sa faible masse. Les gouvernes sont très homogènes. Les ailerons offrent une réponse douce, mais pas molle ce qui est une bonne surprise car on pouvait s'attendre à pire. La profondeur, quant à elle, a beaucoup de mordant du fait du bras de levier arrière court. La dérive apporte un véritable plus pour la tenue en virage en pilotage trois axes. On ne se lasse pas des petits passages à hauteur des yeux pour admirer les formes très réussies de ce petit planeur. Le virage 2 axes, ailerons-profondeur se gère bien, mais il est préférable de garder un minimum de vitesse pour qu'il soit esthétique. La dérive apporte un meilleur contrôle et plus de confort dans le pilotage. Les ailes, grâce au longeron carbone noyé dans l'EPP, démontre une excellente rigidité en vol. Les saumons qui ne profitent pas de ce longeron ne souffrent pas ou peu en vol.

Par petit temps son poids plume lui permet de tenir en l'air mais il devient aussi vite son ennemi car ne lui permet pas de se sortir des dégueulantes rapidement, sans trop chuter. On favorisera donc les jours ou la portance est plus homogène.

Bon, passons aux choses sérieuses: Prise de vitesse, mise à plat et ailerons dans les coins. Cela ne tourne pas trop mal, mais cependant avec une légère tendance à " barriquer ", tendance que l'on corrige facilement avec un pilotage 3 axes, d'où l'importance à mon avis de la dérive. Le tonneau à facette passe également, même s'il reste un peu flou à mon goût (arrêt moins précis des facettes). Par contre le renversement manque carrément d'amplitude du fait de la faible masse du planeur, celui-ci ne restitue pas et se ralenti rapidement. Il faut une prise de badin plus conséquente pour espérer une figure tout juste convenable. Ensuite, pas de soucis, la dérive est suffisante pour botter le renversement.

Le looping s'exécute étonnamment bien, grâce à l'efficacité de la profondeur. Son diamètre reste cependant petit ce qui est bien normal vu le manque d'inertie, mais il ne se désaxe pas du tout et se contrôle à tout moment. J'ai aussi essayé le huit cubain qui se négocie sans trop de problème à condition de piloter pendant la figure, surtout pendant le demi-tonneau. Le vol dos tient sans problème, mais je vous conseille de garder de la vitesse ou de l'eau sous la quille pour une éventuelle remise à plat, à cause du taux de roulis qui se situe dans la moyenne.

Bref, le Fox est capable d'enchainer les figures de voltige de base, à condition d'être piloter et de bien gérer la prise de badin entre chaque figure. Finalement, il se situe plus dans l'esprit semi maquette que dans l'esprit voltige totale et débridé, donc il rempli parfaitement sa mission. L'atterrissage, sans aérofrein, ne pose pas de difficulté particulière car le planeur se freine bien face au vent lors de l'approche finale.

Je tenais à revenir sur le point de l'inertie et restitution du planeur : Vous avez compris qu'à 400 g, le planeur est léger et restitue très peu. J'ai visionné une vidéo sur Internet du même Fox Windrider à 900 g, suite à de nombreuses modifications du kit, tel que des renforts, longerons additionnels, et entoilage. Et bien, le vol n'a plus rien à voir. Les figures verticales ont beaucoup d'amplitude, le planeur accélère franchement en piqué, la vitesse de vol est plus élevé et le Fox conserve bien mieux son énergie. J'imagine maintenant que ce changement se fait au détriment des qualités à basses vitesses, et que le décrochage arrive plus tôt. Le meilleur compromis doit donc se situé entre ces deux extrêmes, disons entre 550g et 600g ce qui ferait une charge alaire autour de 30g/dm2, ce qui reste raisonnable. Malheureusement aucun emplacement pour le ballast n'est prévu.

Le verdict …

Ce petit Fox de Windrider cache étonnement bien son jeu car je m'attendais honnêtement à des prestations en retrait en raison de sa taille et à sa géométrie. Mais il n'en est rien. Ce petit planeur est très attachant : Le kit est bien pensé et peut être construit en une soirée si vous avez tout sous la main. Son look est très réussi et il fait illusion en vol car il est alors impossible de deviner qu'il s'agit d'un modèle en EPP. Il se démonte pour se transporter facilement, il est léger et en EPP pour mieux encaisser les petits chocs au quotidien. Il est suffisamment compact pour voler à peu près n' importe où (de la petite dune au site de vol en montagne). Alors, si vous en avez marre de voler avec des planeurs en mousse qui ne ressemble a rien alors ce Fox ne vous décevra pas !

Caractéristiques techniques: