Du bon usage des
volets et autres snapflaps
3ième et
dernier épisode : Les secrets du snapflap
Le snapflap
(couplage profondeur=>volet) est le réglage le plus délicat à maîtriser. La
programmation de nos radios incite souvent à simplement choisir un coefficient
de mixage profondeur => volet, or le problème peut s’avérer plus complexe
que ce simple choix.
En utilisant
les résultats établis dans les 2 premières parties de ce dossier ("volet
et performance" en juin 2007, "volet et équilibre" en septembre
2007) nous proposons une mise en équation du mixage snapflap. Les résultats
obtenus avec cette approche peuvent constituer un guide fort utile pour la
recherche des "bons réglages" lors des essais en vol d’un nouveau
modèle.
Pour ceux que les calculs rebutent,
nous proposons également une méthode de réglage simplifiée qui ne nécessite
aucun calcul et permet au moins d'éviter les pièges les plus classiques.
A quoi sert le mixage snapflap ?
A cette question une des réponses les plus fréquentes est
la suivante :
-" le
snapflap permet de réduire le rayon de virage mais il ne faut pas trop en
mettre car si les volets augmentent la portance du profil, ils augmentent aussi
la traînée"
Sans être complètement erronée
cette réponse reste cependant un peu trop approximative pour permettre une
maîtrise correcte des réglages.
En vérité
nous avons vu dans la première partie de ce dossier que le principal intérêt
des volets n'était pas seulement d'augmenter la portance du profil mais surtout
d'en diminuer la traînée aux forts Cz. En conséquence l’objectif du couplage
snapflap n'est pas uniquement de permettre des virages plus serrés mais aussi et
surtout de réduire la traînée du planeur en virage (que ceux-ci soient serrés
ou non). De façon plus générale il faut retenir que l’intérêt essentiel du
snapflap est de réduire les pertes d’énergie (et donc de vitesse) au cours des évolutions
sous facteur de charge. D’où l’utilité du mixage snapflap dans les courses de
vitesse (F3F, F3B, …) mais aussi en voltige.
En reprenant l'exemple du profil
TP73 déjà utilisé, le graphique ci-dessous montre que si l'on exécute un virage
à Cz.profil=0.65 il est tout à fait souhaitable
d'avoir +5° de volet (courbe verte). On gagne ainsi plus de 20% sur la traînée
du profil ! (nota : compte tenu de la traînée fuselage + empennage et de la
traînée induite de l'aile, le gain sur la traînée globale du planeur est en
réalité sensiblement moins important).
Ce graphique montre également que
pour voler en ligne droite à Cz=0.1 le meilleur Cx sera obtenu avec un braquage
nul (courbe rouge). D'où l'idée de coupler les volets à la commande de
profondeur pour avoir un braquage de volet en accord avec les évolutions du
planeur : manche au neutre le planeur est en ligne droite, le Cz est faible et
les volets sont à 0°; manche tiré le planeur est en virage, le Cz est élevé et
les volets sont baissés de 5° voire plus.
Le gain apporté
par le snapflap n’est pas limité au gain sur la traînée du profil. En effet, nous avons vu que l’utilisation des
volets permet, à fort Cz, de maintenir l’incidence de vol à une faible valeur.
Il y a donc également réduction de l’incidence du fuselage et réduction de sa
traînée. Il en est de même pour l’incidence et la traînée du stab (dans le cas
d’un stab à volet).
Les courses
Ce comportement s'explique de façon très simple: un des planeurs a un mixage snapflap parfaitement réglé, traîne moins en virage et sort de virage avec une vitesse très légèrement supérieure. Grâce à ce supplément de vitesse il gagne un peu de terrain sur son adversaire juste après la sortie de virage. Pendant le reste de la ligne droite les deux planeurs sont en lisse dans des configurations identiques et leurs vitesses se stabilisent toutes deux à la même valeur, l'écart entre les 2 machines reste donc constant jusqu'à la base suivante !
Trouver le bon
réglage?
Trouver le
bon réglage de snapflap n’est cependant pas chose facile et nombreux sont les
pilotes à avoir éprouvé quelques déboires. Si un réglage correct améliore les
performances en virage, un mauvais réglage peut tout au contraire dégrader très
fortement les performances du planeur et faire beaucoup plus de mal que de
bien.
L'erreur la plus fréquente consiste à régler
le planeur en lisse puis à simplement ajouter un couplage profondeur=>volet sans
modifier le débattement de la profondeur. Le résultat est en général
catastrophique : la vitesse de tangage est certes augmentée et le rayon de
virage diminué, mais le planeur a tendance à se freiner en évolution et tout
particulièrement au sommet des boucles. Tout le contraire de ce que l'on
souhaitait ! Pire encore contre toute attente, alors que le Cz max du profil
est en principe augmenté par le braquage des volets, le planeur peut montrer
une tendance à déclencher en virage serré! Pour remédier à ce comportement la réaction
classique consiste à réduire le débattement des volets. Il n'y a alors plus
d'effet nuisible mais il n'y a quasiment plus d'effet du tout ni positif ni
négatif ! D'où de fréquents commentaires
du genre :
-"Ce
profil n'accepte pas les volets"
-"Les
volets ne servent à rien et n'apportent que de la traînée supplémentaire"
- "il
ne faut jamais mettre plus de 2mm de snapflap"
- etc…
Ce qu’il
faut savoir c'est que le bon réglage dépend quasiment plus du choix du
débattement de la profondeur que de celui des volets. Voici quelques règles pratiques
qui permettent d’obtenir un réglage satisfaisant dans le cas d’un planeur
F3F et d’un simple mixage linéaire:
1) Un réglage correct nécessite de définir précisément 3
paramètres :
- la position des volets manche au neutre (a priori
position « vitesse » pour un F3F)
- la position des volets manche en butée
- le débattement max de la profondeur manche en butée
2) Le choix de la position neutre des volets a été traité
dans la première partie de ce dossier (volet et performances) : en
analysant l’effet des volets sur les polaires du profil on choisit la position
de volet qui donne le meilleur Cx pour des Cz de l'ordre de 0.1 et un Re de l'ordre de 400k à 500k. Sur les modèles du commerce
cette position est en général correctement définie dans les réglages proposés
par le fabricant.
3) Dans la mesure du possible les volets seront commandés
par un mixage du type "position manche profondeur => volet" et non
par un mixage du type "position servo profondeur
=> volet". Le trim profondeur est alors sans
aucun effet sur les volets. Ce choix permet par ailleurs d'utiliser le
« dual rate » pour le réglage de la profondeur (avec ou sans ballast
par exemple). Si votre radio ne permet pas ce type de mixage, le réglage du
débattement profondeur devra être ajusté en agissant sur les valeurs de butées
profondeur (travel adjust).
4) Le débattement max des volets doit également être
choisi en analysant l'effet des volets sur les polaires du profil. On choisira un
braquage qui correspond à un Cz optimum d’au moins 0,7. Dans le cas où vous ne
disposez pas des polaires du profil (ce qui est le cas général sur les planeurs
du commerce) je conseille pour un planeur F3F de partir sur une valeur
forfaitaire correspondant à un braquage positif d’au moins 5° par rapport à la
position "neutre" définie plus haut. Un peu plus si le profil est à
faible courbure (MG06), un peu moins si cette courbure est plus élevée (S7012,
MH32).
5) Contrairement à ce que nous sommes tous tentés de faire,
le réglage fondamental à ajuster en vol n'est pas celui des volets mais celui du débattement profondeur manche
en butée. Pour ce réglage on utilisera suivant les cas soit le dual rate
profondeur, soit le réglage de débattement max (voir plus haut).
6) Pour les premiers réglages choisir si possible une
journée où la portance de la pente est moyenne et les ballasts inutiles. Vous aurez ainsi un réglage
"moyen" que vous pourrez éventuellement adapter par la suite aux
conditions plus faibles et surtout plus fortes (avec ballast) ou encore avec
vent de travers.
7) Le réglage du snapflap dépend du centrage. En
conséquence on ne commencera à régler le snapflap que lorsque le planeur aura au préalable été
correctement centré.
8) L'objectif est d'obtenir, manche en butée cabré, un planeur qui sort de virage avec la
meilleure vitesse possible. Cependant estimer la vitesse en sortie de virage
n'est vraiment pas facile et reste très subjectif. Voici quelques points
auxquels il convient d'être attentif :
- le manche
doit être réellement en butée (même si la portance de la pente permet un vol
plus performant sans tirer à fond !)
- ce que
l'on cherche à obtenir c'est bien la meilleure vitesse de sortie de virage
possible, ce n'est surtout pas le rayon de virage minimum, ni même le temps
minimum passé en virage. Il faut éviter de se laisser influencer par ces 2
paramètres, et ceci n’est pas facile …
- l'objectif
est de percevoir le fameux "effet rebond", celui qui fait que le
planeur semble ressortir de virage plus vite qu'il y est entré. Le vent de
travers peut aider, quand on a le bon réglage on doit alors bien percevoir le
"rebond" du côté au vent et surtout
bien sentir que le planeur "se freine moins" du côté sous le vent.
Le bon réglage est assez précis (à quelques
% près d'après Fast Pedro).
9) On obtient très souvent des débattements profondeur
nettement plus faibles que ceux normalement utilisés en lisse. A titre
d’exemple, certains
Cette diminution du débattement
profondeur est due à l’effet habituellement cabreur
des volets. De la même façon qu’en vol horizontal l’abaissement des volets
nécessite le plus souvent une correction à piquer, l’utilisation des snapflap
en virage nécessite de diminuer l’action à cabrer de la profondeur.
10) Manche en butée cabré, le
planeur ne doit donner strictement aucun signe de décrochage dynamique. Le
moindre petit flottement est signe qu’il faut réduire le braquage profondeur.
Attention, si on a trop de profondeur le snapflap rend le planeur plus sensible
au décrochage dynamique, on testera donc la butée du manche avec
circonspection…
Un des avantages non négligeable de cette méthode est de mettre le planeur à l’abri de tout
décrochage dynamique. Ceux qui ont déjà eu l’occasion de tester ce genre de
figure involontaire apprécieront…
11) Le bon débattement
de la profondeur est aussi celui qui permet au planeur d’enchaîner le
maximum de boucles possible manche en butée.
12) Lorsque vous aurez fait ce premier réglage avec une
certaine valeur de volet vous aurez forcément envie de voir ce que ça donne
avec un peu plus ou un peu moins de volet. Un braquage de volet plus important est
souvent utile en cas de vent de travers pour exploiter au mieux l’effet de
rebond dans le virage « au vent ». Il faut alors savoir que pour
chaque nouveau débattement de volet il faudra reprendre le réglage de la
profondeur selon les critères indiqués ci-dessus. Au plus le braquage des
volets est grand, au plus le planeur pourra tourner serré, mais au plus le
réglage profondeur devra être précis et soigné. Les erreurs de réglages sont
alors plus chères !
Ces séances de réglages sont longues et fastidieuses mais
constituent la meilleure façon d'apprendre à bien connaître son planeur. Alors,
dernier conseil, n'oubliez surtout pas de noter les résultats de vos essais sur
un petit carnet, celui-ci vous sera certainement fort utile.
La théorie du snapflap
La méthode de réglage décrite ci-dessus présente
l’avantage de ne nécessiter aucun calcul et de n’utiliser qu’un classique
mixage linéaire. On peut cependant se demander si l’utilisation de mixages par
courbe à points ne permettrait pas d’optimiser encore plus les performances de
nos planeurs. La réponse à cette question demande à aller plus loin dans
l’étude théorique du mixage snapflap.
En utilisant la formule du Vlongitudinal généralisée (voir « volet et
équilibre » septembre 2007), nous allons étudier le cas d'un planeur
exécutant un virage dans le plan horizontal (on suppose la vitesse constante).
Comme dans les études précédentes on considère ici le cas d'un planeur à
stabilisateur pendulaire intégral sur lequel la cambrure variable est utilisée
sur toute l'envergure de l'aile. Le Vlongitudinal du
planeur représente donc aussi la position de la gouverne de profondeur.
On note que dans ce cas l'angle (entre le plan
longitudinal du planeur et le rayon de courbure) et l'angle de roulis
sont complémentaires.
On
rappelle que la portance P est définie par : P = .
Soit le Cz de vol en
virage, et
le Cz en vol
rectiligne avant virage.
La
vitesse de vol est définie par la relation :
Avec
(on néglige ici
l'influence de la traînée)
Les équations
d'équilibre permettent d'écrire:
P² = ( et
D’où l'on déduit et
Soit en
remplaçant V par sa valeur en fonction de :
et
Cette
formule définie de façon générale le rayon de virage en vol horizontal.
et
étant complémentaires
on en déduit :
En
assimilant le Cz de l'aile au Cz du planeur complet (on néglige notamment la
portance stab), la formule du V longitudinal généralisé peut s'écrire :
Etant donné que le Cz souhaité en
virage et le Reynolds de vol définissent un braquage de volet optimum qui
minimise la traînée du profil et que ce braquage détermine aussi la valeur des
paramètres et
, cette formule permet
de définir les lois de mixage profondeur=f(braquage - volet) qui optimisent les
performances du planeur en virage.
Quelques exemples
Ces exemples sont issues de l’étude d’un planeur
Comme on
pouvait s’y attendre la courbe optimale de mixage n’est pas linéaire. La forme
de cette courbe dépend de nombreux paramètres : profil, centrage, charge
alaire, volume de stab, bras de levier arrière, corde des volets, etc ...
Influence du
profil
Voici la courbe
obtenue pour le même planeur équipé d’un profil MH43 en place de TP74 (même
géométrie, même charge charge alaire=30g/dm², et même
centrage neutre).
Avec MH43 comme profil apparaît la fameuse
courbe de mixage avec « zone morte » parfois préconisée comme courbe
de mixage snapflap. On comprend donc que
l’utilisation de cette forme de courbe doit être adaptée au profil utilisé. En
particulier le palier devra être plus ou moins horizontal suivant le profil
employer. Un calcul des courbes à partir des paramètres,
et
donnés par X-foil est indispensable pour faire le bon choix.
On constate aussi
que pour les Cz négatifs la courbe devient carrément verticale. Sur ce planeur il
serait ainsi recommandable d’exécuter les virages dos avec les seuls volets sans
utiliser la profondeur. J’avoue être un peu sceptique quant à ce résultat, et ne
pas avoir vérifié si ceci était pertinent, mais les pilotes adeptes
du « 4 axes » pourront éventuellement confirmer l’intérêt de la
chose sur des planeurs du même type… ?
Toujours
est-il que j’ai depuis longtemps constaté sur mes planeurs de voltige l’intérêt
d’avoir une zone morte ou à faible pente lorsqu’on commence à tirer sur la
profondeur, ainsi que l’intérêt de mettre les volets en négatif très rapidement
dès que l’on pousse sur le manche.
Influence du centrage
Du fait du terme apparaissant dans la
formule, un centrage légèrement avant tend à rendre la courbe plus linéaire.
Les courbes précédentes étaient calculées pour un centrage
neutre. Voici la courbe obtenue pour le profil MH43 et une marge statique de 3%,
c'est-à-dire un centrage avancé de 5mm.
L’allure
est globalement la même mais la courbe est plus linéaire et s’étale sur une
plus large plage de braquage profondeur. Il faut (+
Influence de la charge alaire
La charge alaire a
une influence inverse à celle du centrage. Lorsque la charge alaire augmente
les débattements profondeur doivent être réduits.
Si l’on ballaste le
planeur avec 250g pour passer la charge alaire de 30g/dm² à 40g/dm², alors il faudrait réduire sensiblement le
débattement profondeur de (+3.8mm,-0.8mm) à (+2.1mm,-0.4mm).
Ce résultat est assez surprenant car s’il parait tout à fait normal que la charge alaire ait une influence, son impact
sur le réglage profondeur semble un peu élevé. Cet aspect mérite d’être
vérifié, à suivre…
Que se
passe-t-il en cas de mauvais réglage ?
La figure
ci-dessous illustre, dans le cas de notre planeur
- le réglage A est le réglage idéal. Le
débattement de la profondeur est tel que le Cz de vol correspond exactement au
Cz optimal pour 6° de volet.
- le réglage B correspond au cas (très
classique) où le débattement profondeur est trop important (et dans notre exemple
il suffit d’avoir un débattement profondeur de 4.7mm au lieu de 3.8mm !)
Le Cz de vol est alors plus élevé, le virage donc plus serré mais la traînée sera
aussi sensiblement plus importante, au total l'énergie perdue en virage pourra être
nettement plus grande qu'en A.
- le réglage C correspond au cas ou le
débattement profondeur est trop faible. La dégradation de la traînée est
moindre mais le rayon de virage est
aussi plus grand.
Ces
différents réglages correspondent à environ
Ce type de graphique montre également
que les profils et la forme de leurs polaires avec volet ont
une influence importante sur la facilité de réglage :
- des polaires arrondies et larges comme celles de MH43
facilitent les réglages. Ce type de profil s'avère aussi plus tolérant aux
différents types de virage.
- des polaires pointues et étroites comme celle de RG15 à 8%
d’épaisseur présentée ci-dessous, demandent un réglage très précis pour espérer
obtenir le gain escompté en virage horizontal. Une petite erreur pourra faire
perdre tout le bénéfice du couplage snapflap.
Snapflap et Voltige
Le snapflap
permettant de mieux conserver l'énergie du planeur lors d'évolutions sous
facteur de charge, son utilisation en voltige est éminemment recommandable.
Deux points spécifiques à cette utilisation sont malgré tout à signaler.
1) Les
équations du snapflap ont été établies pour un planeur en virage dans le plan
horizontal : pour un rayon donné le Cz est constant pendant tout le virage. Il
en va différemment dans le cas d'un looping, ou plus généralement dans le cas
d'évolutions dans le plan vertical. L'effet de la pesanteur, qui s'ajoute ou se
retranche à la portance de l'aile, fait que pour exécuter une boucle
parfaitement ronde il faut plus de Cz au bas de la boucle qu'à son sommet. Ceci
a 2 conséquences :
- un snapflap bien adapté en bas de la boucle ne peut pas
l'être également à son sommet. Les profils tolérants au réglage du snapflap
seront donc avantagés.
- Au bas de la boucle le bon réglage nécessite un peu plus
de volet que dans le cas du virage horizontal. Cette option de réglage est à
recommander compte tenu du fait que c'est à forte vitesse et donc au bas de la
boucle que le planeur perd le plus d'énergie.
2) Par
définition un réglage correct du snapflap conduit à avoir un débattement
profondeur qui ne permet pas d'atteindre l'incidence de décrochage du profil.
En conséquence, si le snapflap est parfaitement réglé, il devient impossible de
réaliser des tonneaux déclenchés dignes de ce nom. Au mieux les déclenchés sont
très mous, au pire ils deviennent carrément impossibles. Pour cette raison on
utilise souvent un interrupteur pour supprimer le snapflap lors de l'exécution
de ces figures.
Une solution
plus élégante et plus pratique consiste à utiliser une courbe de mixage avec
saturation du snapflap comme celle présentée ci-dessous. A partir d'une
certaine position du manche les volets ne bougent plus alors que le braquage
profondeur continue d'augmenter. Il devient alors possible en mettant le manche
en butée d'atteindre l'incidence de décrochage et de réaliser de magnifiques
tonneaux déclenchés. Le pilotage des figures "normales" se fait dans
la première plage de débattement du manche (entre les points A et B). Je
recommande vivement cette solution qui évite d'avoir à se préoccuper de la
position des interrupteurs.
Nota : la courbe présentée ci-dessus est valable pour
les profils classiques. Pour les profils symétriques la courbe est bien sûr
elle-même symétrique mais le principe de la saturation reste le même.
Pour régler cette
courbe je recommande d'utiliser le dual rate profondeur :
- En position faibles débattements, on règle la partie
snapflap de la courbe (entre les points A et B) en suivant la procédure décrite
au début de cet article.
- En position forts débattements on règle le débattement
maximum de la profondeur manche en buté de façon à permettre des déclenchés à
la fois vifs et consommant le moins d'énergie possible (points C et D).
- Pour finir on adapte l'exponentiel
profondeur pour avoir les "bonnes sensations".
Snapflap et vol thermique
Peut-on utiliser
le snapflap en permanence y compris pour gratter ?
Cette question, souvent posée, contient une petite
ambiguïté et appelle une réponse en deux temps:
- oui le snapflap peut être utilisé en gratte
- mais le réglage correspondant a toutes les chances d’être
différent de celui adopté en position "vitesse" ou
"voltige"
La stratégie de
réglage peut par exemple être la suivante:
- Sur la position
"gratte" les volets sont baissés dans la position "finesse
max" (voir « volet et performances »). Ce qui permet a
priori de parcourir le maximum de distance à la recherche de la pompe tant
désirée
- Une fois celle-ci trouvée on
peut l'enrouler en positionnant les volets de façon à avoir le meilleur taux de
montée possible. Le snapflap peut fort bien être utilisé dans ce but.
Il faut cependant remarquer que
dans l'équation du snapflap rappelée ci-dessous, le Cz en vol horizontal est
alors assez élevé (de l'ordre de =0.5)
En
conséquence le terme, qui est très voisin de 1 en vol de vitesse, devient alors
sensiblement plus faible. Le débattement profondeur doit donc être réduit.
A titre d'exemple, voici ce que devient dans la position
"gratte" la courbe de mixage optimale calculée pour le planeur
- Manche au neutre les volets sont baissés de 3mm (3°) et
la profondeur et à -1mm (compensation à piquer).
- Manche à Cabré les volet sont baissés de 10mm (10°) et la
profondeur est à +1.3mm soit un débattement total de la profondeur est de 2.3mm.
Limitations
Si les
résultats de calculs présentés ci-dessus recoupent assez bien la réalité, leur
degré de précision est loin d'avoir été évalué dans toutes les configurations
et avec tous les types de planeur. On peut noter que les valeurs de débattement
profondeur paraissent parfois plus faibles que ceux réellement utilisés….Est ce
par manque de précision des calculs, ou simplement parce que nous n’osons pas
utilisé de forts débattement de volet avec de faibles débattements profondeurs ?
Parmi les
limitations et les approximations qui pourraient entacher la représentativité
des résultats on retiendra au moins les 4 points suivants:
- L'approche
dite "théorie du Vlongitudinal généralisée"
se contente de superposer les résultats de la théorie de la ligne portante en
vol horizontal (calcul de l'équilibre du planeur) avec la prise en compte du
rayon de courbure de la trajectoire. La réalité est peut-être un peu plus
complexe que ça.
- La marge statique est supposée
indépendante du Cz de vol, ce qui n’est généralement pas le cas compte tenu de
légères variations de la position du Foyer
- Les
aspects purement dynamiques (moment d'inertie du planeur) ne sont pas pris en
compte
- Le calcul
des courbes de snapflap utilise les polaires issues de souffleries numériques (X-foil ou autre) dont la représentativité dépend entre
autre du domaine de Reynolds considéré.
Conclusion
Cette saga
sur l'utilisation des volets s'achève. En la commençant j'étais loin de penser
que j'irai aussi loin dans la formulation mathématique des différents aspects
liés au Vlongitudinal et à l'équilibre des planeurs.
Dans son état actuel cette approche me parait suffisamment novatrice pour être
publiée, j'attire malgré tout l'attention sur le fait que certains aspects
restent encore à valider. Cette approche ne permet sans doute pas de calculer de façon parfaitement fiable
les réglages d'un planeur, mais elle permet certainement d'orienter
efficacement la recherche des bons réglages.
Et maintenant que j'ai jeté le
doute sur vos réglages de snapflap ….
Je vous souhaite d’excellents vols
pour cette année 2008.
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