Lalysee, une aile pas comme les autres

Franck AGUERRE

PHOTOS : Pascale CONSTANTIN

 

 

 

        

Nous vivons à l’heure actuelle un changement radical dans notre loisir : en effet, l’évolution rapide de l’électronique a permis l’arrivée sur le marché de matériel miniaturisé, d’où un engouement croissant pour les petits appareils, en commençant par l’indoor et les petits avions de début. Pourtant, même si tous les accessoires (accu,  micro-servo, récepteur) sont devenus très accessibles, cela a eu très peu de retentissement sur le vol de pente: on n'y rencontre pas plus de petites machines, que ce soit aile volante ou planeur, adaptées à ce nouveau matériel.

         Afin de transmettre le virus à un jeune aéromodéliste (Guillaume, qui se reconnaîtra...), j'ai voulu mettre à contribution tout ce petit matériel afin de faire une machine économique répondant au cahier des charges suivant : compact, très facile à piloter, suffisamment fin et gratteur, et si possible original. Le résultat répond au doux nom de Lalysée, aile volante destinée au vol de pente.

 

 

Le plan: au format pdf
Les dossiers:
Les fichiers de découpe:
 

La conception :

 

         Tout a commencé par le choix de la géométrie. Afin de concilier stabilité et finesse, j'ai  opté pour une géométrie intermédiaire entre l'aile volante et le delta. Après quelques rapides calculs, sachant que la bestiole devait embarquer environ 60 g d'équipement radio et que je souhaitais une charge alaire très faible (environ 10 g/dm²), j'ai tranché pour une surface de 17.5 dm². Cela donne une masse de 115 g maxi pour la cellule, ce qui ce révélera au final très facile à respecter. En effet, en utilisant des matériaux standards, ma cellule pèse 90 g avec l'entoilage.

 

Les dimensions choisies sont confortables : cordes de 350 et 145 mm, envergure de 700  mm, ce qui laisse présager d'un comportement très facile.

 

         Dans cette optique, le profil a été spécialement créé pour la circonstance, ne trouvant rien qui me satisfasse dans ma base de données. La aussi, le cahier des charges est très simple : comportement très facile et finesse correcte avec une charge alaire très faible. Cela demande pas mal de temps et patience, mais le résultat obtenu a vraiment été à la hauteur du travail. Ce profil, baptisé FAD04, fait 10.5% d'épaisseur relative, et présente comme particularité une légère cambrure à l'extrados et un bord d'attaque plutôt épais. Son cm0 très faible permet de l'utiliser à la fois sur une aile volante ou un appareil conventionnel à stabilisateur.

 

Ce profil se révélera être en vol un très bon profil passe-partout, à la fois très gratteur, capable de voler très lentement tout comme de faire preuve d'une bonne finesse, avec un comportement au décrochage très prévenant. Cependant, il ne sait pas tout faire : la tenue sur le dos n'est pas sa tasse de thé !

Autre avantage, son épaisseur relative plutôt importante autorise tous les types de construction, de la structure traditionnelle au polystyrène coffré.

 

Pour ceux qui voudraient l'utiliser sur d'autres modèles, ce profil peut être avantageusement utilisé sur des appareils destinés à l'apprentissage ou au plaisir de la gratte. Les articulations d'ailerons devront se trouver entre 15 et 20 % de la corde.

 

La construction:

 

         Pour une question de plaisir de construire, j'ai choisis de faire une aile en structure tout balsa, très ajourée. Ceci dit, si vous faites le choix de construire une aile en polystyrène léger découpé au fil chaud, vous aurez toutes les chances de passer beaucoup moins de temps. L'esthétique sera moins sympa, mais la solidité sera encore meilleure. Donc, c'est au choix de chacun : structure dentelle ou fabrication fonctionnelle. Question masse, ce sera à mon avis identique d'une méthode à l'autre.

 

         La différence sera surtout à l'entoilage : il vaudra mieux entoiler le polystyrène au scotch d'emballage plutôt qu'au revêtement thermorétractable.

 

         Mais revenons plutôt à notre aile en structure.

 

Avant de commencer la construction, il vous faudra acheter:

 

·          2 planches de balsa 10/10° (coffrages)

·          1 planche de balsa 25/10° (nervures)

·          4 baguettes de balsa 6x6

·          1 tube de cyano

·          1.2 m d'Oralite

·          1 cap 0.5 mm

 

Le premier travail consiste à réaliser les nervures. Pour cela, deux méthodes sont possibles suivant vos moyens :

 

·          la première, très traditionnelle, consiste à photocopier chaque nervure, à faire le transfert sur la planche de balsa avec un fer à repasser, puis à couper au cutter. Les évidements sont fait avec une mini-perceuse équipée d'une meule.

·          La seconde, c'est pour ceux qui se sont construit une fraiseuse numérique. Il suffit de re-dessiner chaque nervure sur un logiciel de dao, puis de l'usiner. C'est mon cas, et je conseille à tout les modéliste aimant les défis de s'y lancer. L'investissement n'est pas trop important, pour un résultat permettant d'usiner la plupart de nos pièces en bois. Pour plus d'infos, aller voir le groupe de discussion CNC25 sur internet : http://cnc25.free.fr/projcnc25.htm

 

         Ensuite, il faut rapporter les nervures sur les baguettes de 6x6 : longerons d'abord, puis bords d'attaque et bords de fuite ensuite. Lors de cette étape, on travaille toujours sur les deux demi-ailes séparées, en prenant garde de bien orienter les deux nervures d'emplanture afin de garantir le dièdre. Avec un peu de soin, cette étape est très facile à réaliser avec de la cyano. Un fois cet assemblage sec, un coup de poncette permet d'égaliser le bord d'attaque (surtout ne pas arrondir !) pour assurer un bonne continuité avec les nervures.

 

         On peut alors passer aux coffrages. Ceux-ci sont très particuliers, car ils ne caissonnent pas totalement le premier tiers de l'aile. Habituellement, on coffre du bord d'attaque jusqu'au longeron. Dans ce cas précis, j'ai préféré gagner un peu de poids avec une construction plus originale. Cela ne compromet pas la solidité, à partir du moment où les chapeaux de nervures sont bien ajustés contre les coffrages.

 

         La méthode de coffrage est la suivante:

 

·          Découper les coffrages en gardant 5 mm de marge.

·          Commencer par coffrer l'extrados, en calant l'aile sur un plan de travail. Le plus rapide consiste à pointer le coffrage à la cyano, puis à retourner la demi-aile pour finir le collage, toujours à la cyano.

·          Coffrer l'intrados, toujours à la cyano

·          Après avoir vérifier l'absence de vrillage, pointer puis coller les chapeaux de nervure. Attention, ne pas coller les chapeaux des nervures d'emplanture.

         Chaque demi-aile est ensuite finie par ponçage pour obtenir un joli bord d'attaque et pour amincir les chapeaux de nervures au niveau du bord de fuite. Un dernier coup de poncette permet de finir chaque emplanture et saumon.

 

La dernière étape est aussi la  plus facile : l'assemblage des deux demi-ailes. Cela se fait par infiltration de cyano. On colle ensuite les deux chapeaux de nervure d'emplanture.

 

         La finition se fait au film thermo-rétractable (Oralite), en prenant soin de ne pas vriller l'aile. Pour terminer cette construction, il ne manque plus que les gouvernes et les dérives. Pour ma part, j'avais des chutes de dépron de 6 (élevons) et de 3 (dérives). Quelques coup de poncette pour affiner les élevons, un peu de scotch d'écolier pour faire l'articulation, et un peu de double-face pour coller les dérives suffisent à terminer la structure de Lalysée.

 

 

 

 

Installation radio et réglages:

 

         C’est la partie la plus simple. Il faut tout d'abord découper deux trappes sous l'intrados pour pouvoir loger la réception. Ces trappes seront articulées par du scotch d'écolier.

 

         L’équipement de mon appareil est composé des éléments suivants :

 

·récepteur Pico4/5 Multiplex

·2 servos Multiples MSX2

·accu 4 éléments 100 mAh

Le mixage d'élevons se fait à l'émission.

 

 

         L’accu et le récepteur sont logés tout devant, de part et d'autre de la nervure d'emplanture, ensuite les deux servos (9 grs). Le centrage devant être réalisé à 125 mm du nez (sans plomb …), il faut positionner tous les éléments à blanc pour ne pas se rater. Une fois tout bien défini, les logements des servos sont découpés, puis les servos sont vissés en place, en ayant pris soin de coller sous le coffrage des petits taquets en balsa 6x6 pour que les vis prennent bien. Accu et récepteur sont quant à eux tout simplement calés par de la mousse.

 

         Collez les guignols (plaques d’abs type carte téléphonique, pliées à 90°) au double-face, puis installez les commandes en CAP 5/10°. Les longueurs des commandes sont ensuite ajustées pour avoir le bord de fuite des ailevons côté emplanture relevé à environ -8 mm. Un classique pliage en S est alors réalisé côté servos et guignols.

 

Les réglages que j’ai adoptés sont les suivants :

 

·centrage à 125 mm du nez

·calage élevons : - 8mm

·fonction profondeur : +15 / -20 mm (par rapport au neutre)

·fonction aileron : +10 /-15 mm (par rapport au neutre)

 

Une fois l’appareil terminé, on arrive à une masse en ordre de vol de 150 grs, ce qui est mieux que prévu.

 

 

 

Les vols:

 

Après tout ce dur labeur (!) de construction, voyons maintenant la concrétisation de tous nos espoirs!

 

Les premiers vols ont été fait à la plaine, en lancé main, avec un peu de vent. L'idéal ! Sans trop de surprises, le très bon caractère de l'oiseau s'est vite révélé : après un lancé bien franc, le gain d'altitude  est d'environ une dizaine de mètres, ce qui permet de tenir entre 20 et 30s. C'est loin d'un lancé main moderne, mais amplement satisfaisant pour mes attentes. Ces petites excursions aériennes m'ont permis d'apprécier la facilité de pilotage déconcertante de cet appareil. On peut même se permettre de spiraler un peu si une petite pompe passe par là.

 

         Seconde journée, direction la pente, en l'occurrence une pente du pays basque (Urculu). Les conditions sont plutôt juste, mais je lance quand même. Résultat : bof ! D'autant plus que l'aile est instable en tangage. Deuxième essai, en avançant le centrage de quelques millimètres : tout rentre dans l'ordre. Le vol est alors extra : malgré le vent très faible, l'aile avance bien sans chuter et permet de ratisser une bonne partie de la pente à la recherche d'ascendance, dans la limite de la vision du pilote. Si une bulle vient à passer, il est très facile de l'exploiter, même en spirale serrée. Après avoir pris de la hauteur, je peux enfin secouer un peu la bestiole.

         Première constatation, dès qu'on pousse, Lalysée prend très vite de la vitesse jusqu'à un certain niveau, puis la vitesse plafonne. Cela est à la fois très ludique et très rassurant pour un débutant qui évitera ainsi de faire un flutter par survitesse.

         Deuxième constatation : quelle que soit la vitesse, la réponse en tangage et en roulis est franche sans être vive, et la stabilité est bonne. Dès qu'on lâche les manches, Lalysée se remet doucement à plat. Le test du décrochage passe avec brio : en tirant progressivement sur la profondeur, on peut faire reculer l'aile dans le vent, sans décrocher ! En insistant, le décrochage survient, et se récupère en moins d'un mètre. C'est du tout bon !

         Question voltige, le looping passe très facilement, quasiment sans prise de badin. Le tonneau passe aussi facilement, en barriquant un peu. Par contre, Le vol dos est difficile à tenir longtemps car il demande une forte action à piquer (le profil n’est pas fait pour cela), à moins d'avoir une bonne dynamique.

 

         Passons maintenant aux choses sérieuses. L'aile étant destinée à un modéliste de 12 ans ayant quelques petites heures de vol derrière lui, je lui passe les manches. Verdict, résumé en quelques mots : c'est chouette, ce truc, ça vole tout seul ! A la fin de la journée, le modéliste en question était autonome avec Lalysée : Lancé (de travers ...), vol, atterrissage. Que demander de plus ?

 

 

 

Conclusion:

 

         Mon intention première était de faire un petit delta tout simple afin de faire progresser mon jeune padawan (oups, pardon ! apprenti). Au final, cela donne un appareil que je trouve ludique et esthétique malgré sa grande simplicité, avec de très bonnes qualités de vol dues en partie à son profil original. Profil qui vaut, à mon avis, la peine d'être essayé sur d'autres machines.

         Machine de détente ou de début, cette aile est vraiment très attachante. Avis à tous les jeunes  et moins jeunes qui construiront cette aile, le plus dur sera de reprendre la radio à votre cher moniteur ou collègue dès qu'il l'aura essayé...

 

 

 

 

 

Caractéristiques techniques:

 

Envergure: 700  mm

Cordes : 355 / 145 mm

Surface:  17.5 dm²

Profil : FAD04

Masse: 150 g

Charge alaire:  8.57 g/dm².

 

 

FAD04 10.5% airfoil

1.000000 0.000000

0.900000 0.004950

0.800000 0.013210

0.700000 0.028960

0.600000 0.043270

0.500000 0.054860

0.400000 0.062670

0.300000 0.066090

0.200000 0.064230

0.100000 0.052250

0.050000 0.039450

0.030000 0.031630

0.015000 0.023450

0.010000 0.019640

0.005000 0.014240

0.002500 0.010130

0.001000 0.006520

0.000000 0.000000

0.001000 -0.006520

0.002500 -0.010130

0.005000 -0.013880

0.010000 -0.018030

0.015000 -0.020000

0.030000 -0.023810

0.050000 -0.027930

0.100000 -0.034090

0.200000 -0.038100

0.300000 -0.038220

0.400000 -0.034860

0.500000 -0.030520

0.600000 -0.025760

0.700000 -0.020970

0.800000 -0.012570

0.900000 -0.005020

1.000000 0.000000

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