Par Pierre Rondel
25/03/2008
Graupner est le dernier à arriver sur le marché des planeurs en mousse et quand on arrive le dernier on n’a pas le droit à l’erreur et donc il faut arriver avec de sérieux arguments et l’Elektro Junior S n’en manque pas. Tout d’abord l’Elektro Junior S se démarque par sa forme puisque il opte pour un stab en T, et une aile un peu plus carrée avec un triple dièdre, mais néanmoins toujours élégante. Ensuite il se distingue par la taille, puisque l’Elektro Junior fait 1,90 m d’envergure ce qui est un peu supérieur à ces concurrents directs. Mais les arguments les plus convaincants sont que le kit est livré d’entrée de jeux avec un moteur brushless LRK de belle facture (Moteur Brushless Graupner COMPACT 345 Z 7,4 V ) et son hélice + cône CAM FOLDING PROP pour un prix tout à fait concurrentiel d’environ 90 € , possède un stab démontable (yyyyyyeeeeesssss !) et une vrai verrière en plastique imitation carbone.
Le Kit
Regardons
maintenant de plus près le kit : Dans une grande boite en carton mais non prévue
pour servir de caisse de transport (dommage) on trouve les différents éléments
en Solidpor soigneusement emballés. Les ailes sont très joliment moulées, avec
un bel état de surface, bien homogène. Les ailerons sont prédécoupés sur les
cotés, idem pour le volet de profondeur. Le Solidpor, appellation utilisée par
Graupner, est très similaire d’aspect et au toucher à l’Elapor ou a l’Arcel.
Il s’agit d’un mélange entre de l’EPP et de l’EPS (polypropylène, polystyrène).
C’est moins solide que de l’EPP pur, mais par contre offre un bien meilleur
maintient et une meilleure rigidité aux pièces moulés. J’imagine que les dosages
diffèrent probablement un peu d’une marque à l’autre … L’aile reprend le principe
de la pièce rapportée qui forme un fourreau dans lequel viendra se glisser la
clé d’aile en tube carbone, classique mais efficace.
Le fuselage est en 2 parties non symétriques puisque l’une des demi-coquilles vient avec le volet de dérive et son articulation. Les passages de gaine de commande sont moulés, ainsi que le logement pour le tube carbone de renfort. Le logement radio est bien pensé puisque les servos sont positionnés au fond du fuselage, à la verticale de l’arrière de la verrière. Les vis et palonniers de servos sont toujours démontables. Ils ne gênent donc pas, tout en restant accessibles. Le logement récepteur se trouve derrière les servos, le récepteur venant se glisser dans son logement en passant entre les servos. Petit détail que j’apprécie particulièrement, c’est la saignée prévue pour l’antenne, sur le plan de joint des 2 demi coquille qui permettra de scotcher l’antenne sous le fuselage de manière très discrète et d’une manière optimum. La partie avant située sous la verrière est donc entièrement consacré à la propulsion, l’accus venant se loger au dessus du variateur situé au fond du fuselage: Propre et fonctionnel, rien à dire. Tous les logements servos (ailes ou fuselage) sont moulés autour du gabarit du Graupner C261, servos de la classe des 9 grammes.
Le
moteur arrive sous blister avec tous ses accessoires. Il est prévu pour tourner
avec un accus Lipo 2S, soit 1500 mAh soit 2100 mAh si l’on veut plus d’autonomie,
le contrôleur conseillé étant le GENIUS 30 G3.5 (Le contrôleur et l’accus ne
sont pas fournis dans le kit). Plusieurs pochettes d’accessoires complète ce
kit. La première pochette contient une belle hélice (une CAMPROP10x6) et son
cône, la seconde contient les pièces en ABS comme le support moteur, les guignols
ou la pièce pour le montage du stab, les 2 dernières petites pochettes contiennent
de la visserie.
Un fagot regroupe 2 tubes carbones et les gaines + commande pour la dérive et la profondeur. J’ai personnellement été très surpris par les tubes carbones. Le premier, qui sert de renfort de fuselage et court et très épais, donc un poil lourd. A l’opposé, le plus long qui est la clé d’aile semble bien fin quand on sait les abus que doivent supporter ce genre de planeur en vol et les chocs à l’atterrissage … J’aurais tendance à dire que le tube de renfort de la poutre arrière du fuselage est trop épais et trop lourd alors que celui de la clé est trop fin et fragile. Nous verrons bien cela lors des essais en vol.
Bref, Malgré ce petit bémol de la clé d'aile que je trouve sous-dimmensionée, le kit de l'Elektro Junior S marque des points face à la concurrence avec un kit fort bien conçu et fonctionnel.
L'assemblage
Autant vous le dire tout de suite, la construction de l’Elektro Junior S est un véritable plaisir : L’ensemble de l’accastillage est présent, les pièces s’assemblent parfaitement, et la conception du kit est vraiment très bien pensée. Seul petit point qui m’a agacé, c’est que la visserie est dispatchée dans différents sachets qui n’ont à priori rien à voir entre eux : On trouve ainsi par exemple les vis 6 pans de blocage de commande avec la visserie relative au moteur ? J’ai du coup pensé que ces vis étaient manquante alors qu’elles étaient simplement ailleurs, pas logique tout cela … Bref, pour éviter de chercher, je vous conseille d’ouvrir tous les sachets et de tout centraliser dans une boite plastique.
Commençons
par le fuselage : Son assemblage est très astucieux puisque on équipe tout d’abord
les 2 demi-coquilles séparément. Sur la première on installe la gaine de commande
de dérive, le servos de dérive, le tube carbone de renfort de poutre, sur la
seconde la commande de profondeur, l’écrou plastique de fixation de stab, le
servos de profondeur. Les servos doivent être positionnés, palonnier au neutre
avant d’être collés à la colle « Résiste à tout ». La commande est composée
d’une corde à piano insérée dans une mini gaine plastique coulissant dans une
gaine plastique de diamètre 2mm. Le fonctionnement est doux, sans flambage et
la commande peut quand même faire un S pour atteindre le volet de profondeur
au sommet de la dérive. La connexion sur le guignol en coudant la corde à piano,
c’est simple mais efficace. Coté servos, le palonnier reçoit un raccord de tringlerie
bien pratique pour régler la commande à la bonne longueur. Par contre, vérifiez
bien que la longueur de ces palonniers n’est pas trop importante et que les
palonniers ne vont pas se gêner une fois le fuselage fermé. Pour améliorer la
maintenance et permettre ensuite un démontage des palonniers, j’ai découpé une
petite saignée verticale dans l’axe de la vis de palonnier.
Voilà, une fois avoir régler la longueur des commandes pile poil, il est temps de fermer le fuselage, sans oublier de coller aussi en place le bâti moteur. La notice recommande de le coller avec le moteur déjà monté, ce que je n’ai pas fait, un oubli :o( . Heureusement pour moi, le moteur peut toujours venir ensuite, en jouant un peu des épaules certes, mais cela passe. Celui-ci est livré avec des fiches bananes males et femelles. Plutôt que de souder directement le contrôleur au moteur, j’ai utilisé ces fiches bananes ce qui me permet de démonter le contrôleur facilement ou d’intervertir 2 fiches pour obtenir le bon sens de rotation. Le moteur vient se positionner parfaitement en place dans son bâti et est immobilisé avec 2 vis.
On peut ensuite monter le cône et l’hélice. J’ai du limer un peu le trou de la pièce en alu car cela coinçait un peu. Attention toutefois de ne pas trop élargir le trou sous peine de ne plus pouvoir immobiliser le cône sur l’axe, par manque de serrage. Les 2 vis à tête fraisées pour le montage des pales repliables sont immobilisés grâce a du frein filet. Une fois monté sur l’axe moteur, l’ensemble cône + hélice s’adapte parfaitement au nez du planeur laissant un espace très fin antre le cône et le fuselage, c’est parfait !
Avant
de finir l’installation radio, une petite opération sur la verrière où il faut
coller un aimant à l’arrière de celle ci et une vis métal sur le fuselage, vis
sur laquelle l’aimant vient se trouver en contact lorsque la verrière est fermée.
A l’avant, la verrière vient se glisser sous une patte discrète dépassant du
bâti moteur. C’est très propre comme système et, une fois encore, super efficace.
Pour terminer le fuselage, on installe les récepteurs sur lequel on connecte les rallonges de servos, les servos de profondeur et dérive, le contrôleur. Le récepteur va se glisser dans son logement, en passant entre les 2 servos. Cette position est idéale pour garantir la meilleure réception possible en éloignant le récepteur de la partie propulsion. L’antenne est ensuite scotchée sous le fuselage, dans une petite saignée moulée, prévue à cet effet. Le variateur vient se coincer au fond du fuselage sous la batterie de propulsion.
Les ailes et le stab: Il faut tout au plus 30 secondes pour finir le stab puisque il suffit de coller le guignol et la plaquette de renfort de fixation, à la cyano, puis d’assouplir la charnière en la faisant travailler. Les ailes demandent à peine plus de travaille. Le plus long est de préparer les rallonges à la bonne longueur. Le guignol est tout d’abord collé à la cyano, puis le servos est collé dans son logement à la « Résiste à tout », palonnier au neutre légèrement décalé pour permettre un débattement plus important vers le haut, commande en corde à piano fine en place. La rallonge est positionnée proprement, pointé à la « Résiste à tout » avant de refermer le support de longeron. Cette opération est délicate car de ce collage dépend en partie la solidité du modèle car le longeron encaisse tous les efforts. Il est aussi important de s’assurer que la colle est parfaitement sèche avant d’y insérer le tube carbone sous peine qu’il y reste collé !
Voilà, un petit tour sur la balance:
Le Vol
Pendant
une petite charge de l’accu Lipo 2S 1500 mAh, j’effectue le montage du planeur.
Le stab en T se monte très facilement ainsi que l’aile grâce à la sortie des
fils de servos vers le bord d’attaque. Point besoin de retourner le fuselage
pour faire glisser les rallonges afin qu’elles sortent par le trou situé sous
l’aile, là tout se passe fuselage posé à terre. A l’usage on pourra éventuellement
agrandir le passage des rallonges dans le fuselage en fonction de la taille
des prises utilisées, afin qu’elles n’accrochent pas sur les bords. Beep, beep
… ah, mon chargeur indique la fin de la charge : L’accu se loge à l’avant du
fuselage sous la verrière. Il y a plus de place qu’il n’en faut. On peut d’ailleurs
jouer un peu sur la position de l’accu pour être au plus prêt du centre de gravité
recommandé. Le mien est centré sans plomb.
Mise sous tension, petit essai moteur pour vérifier que tout est en ordre et on lance. Le taux ascensionnel est important pour un modèle de ce créneau, je dirais a vu d’œil entre 40 et 45°, tout cela dans un silence bien agréable. J’imagine qu’en 3S la monté doit être encore plus impressionnante. En tous cas le silence moteur m’a bluffé et lors d’une après midi de vol, mes collègues s’écriaient parfois : « Hé Pierre, tu as trouvé un thermique ? », alors qu’en fait, je venais de juste remettre le moteur en marche, le planeur commençant à être trop bas. Ce taux ascensionnel important, outre le confort qu’il apporte, permet de faire des montés rapides a une altitude confortable et de tirer moins longtemps sur les batteries. Ma batterie 2S 1500 mAh offre une autonomie de vol d’environ 15 minutes en air neutre, autonomie qui augmente rapidement dés que vous croisez des thermique ici ou là.
Le planeur est très homogène sur les 3 axes. La dérive est douce, voire même manque un peu de mordant autour du neutre, obligeant le pilote à insister davantage sur le manche. Selon les habitudes de pilotage, cela peut dérouter ou décevoir un peu. Si vous possédez une radio programmable, vous pouvez toujours programmer de l’exponentiel afin d’avoir plus d’efficacité autour du neutre. La mise en virage à la dérive seule est possible, mais la remise à plat nécessite l’usage des ailerons ce qui confirme que le volet de dérive est suffisant pour une utilisation 3 axes, mais ne permet pas de piloter à la dérive seule.
J’ai
trouvé que l’Elektro Junior S fait preuve d’une bonne finesse : Lors d’une longue
séance de vol sur un vaste site de vol de pente, et sans vent, je me suis amusé
à basculer d’une pente à l’autre aux grés des thermiques et j’ai été agréablement
surpris par sa capacité à avaler les distances sans trop chuter. C’est un bonheur
de pouvoir chasser le thermique en sachant que l’on a un planeur fin, et qu’au
pire il y a des chevaux sous le capot pour se sortir de situations un peu périlleuses.
En spirale, le planeur se comporte très bien : on peut serrer la spirale jusqu'à
tourner sur le saumon tout en gardant le contrôle total de la trajectoire. Le
planeur reste sain en tout circonstance, n’engage pas si l’on serre trop le
virage.
Dés que l’on pousse un peu sur le manche, le planeur accélère bien et tient des trajectoires bien stables. J’ai effectué quelques bases et lui ai trouvé une bonne vitesse sur trajectoire et des virages énergiques pour une mousse, c’est un bon point ! Par contre dés que l’on relâche le manche, le planeur ralenti du fait de sa charge alaire peu importante. Mais comme ces concurrents il est possible de ballaster en utilisant une tige fileté que l’on insère dans la clé d’aile.
Toute
la voltige de base passe mais demande une prise de badin. N’espérez pas enchainer
les figures comme on le fait habituellement avec des planeurs plus adaptés.
Si l’on garde cela en tête, le tonneau passe plutôt bien dans l’axe avec la
petite correction qui s’impose à la dérive, le looping est bien rond, pas forcément
très ample, mais joli et contrôlable à tout moment. Le renversement n’est pas
très ample non plus, mais passes sans soucis. Le stab en T ne semble pas pénaliser
l’Elektro Junior S. Le vol dos tient quelques secondes dans une portance faible
et plus longtemps si la portance est plus importante. Comme toutes les « mousses
», gardez de l’eau sous la quille pour la remise à plat.
L’atterrissage, vu la masse du planeur, n’est qu’une simple formalité, sans aérofreins, face au vent, le planeur ralenti et vient se poser gentiment au pied. Ces essais en col montrent que l’Elektro Junior S est un planeur très agréable à piloter, très homogène, et offrant un excellent compromis dans les différents domaines de vol.
La clé d’aile que j’avais trouvé un peu sous dimensionné en épaisseur à l’ouverture du kit, plie légèrement en vol si on tire un peu sur le planeur. J’imagine que lors d’un choc violent, elle est prévue pour faire fusible et épargner les ailes. Pour éviter tout désagrément, il sera bon de l’inspecter avant chaque vol, ou plutôt après chaque atterrissage un peu dur, l’autre solution consistant à la remplacer préventivement pas une clé de diamètre identique mais d’épaisseur plus importante. Il s’agit pour moi de la seule critique que je peux faire sur ce kit, le reste étant absolument impeccable.
L’Elektro Junior face à ses concurrents
Les comparatifs étant à la mode en ce moment, je voulu tenter l’exercice avec les 3 modèles phares du marché.
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J’ai eu la chance et l’avantage d’avoir possédé, construit personnellement et piloté ces 3 modèles, donc J'espère que mes conclusions seront objectives. Plutôt que d’écrire un long texte, voici un petit tableau comparatif, points par points allant de la composition du kit au rapport qualité/prix.
Pour résumer, ce qui distingue essentiellement l’Elektro Junior S par rapport à ses rivaux est son rapport qualité prix et la qualité de la motorisation. Après, tout est une histoire de goût, chacun se dirigeant vers tel ou tel kit en fonction de l’esthétique, car les différences en vol reste finalement minimes. L’Arcus est peut être plus capable en voltige du fait d’un profil plus fin, l’Easyglider plus maniable grâce au mordant de sa dérive, l’Elektro Junior S reste sans doute le plus équilibré des 3 en proposant des performances satisfaisantes dans tous les domaines de vol sans exceller dans un domaine en particulier, sauf évidement sur la mise en altitude grâce à un moteur « pêchu » même en 2 S.
En Conclusion
Pour moi, l’Elektro Junior S fait pratiquement un sans faute en profitant de son apparition tardive sur le marché pour corriger ou améliorer les points posant problèmes sur les modèles concurrents. En offrant à un prix particulièrement attractif un modèle en mousse doté d’une superbe motorisation (qui à elle seule vaut dans les 40 Euros, prix catalogue), Graupner s’installe d’entrée de jeu en tête du peloton. D’une conception particulièrement bien pensée, le modèle est très homogène en vol, fonctionnel à l’usage et facile à piloter et répond donc pleinement à sa cible allant de l’apprentissage 3 axes au planeur de détente pour des pilotes plus confirmés (dont je fais partie). Bref, si vous désirez dans un avenir proche vous équiper d’un tel petit moto-planeur en mousse, alors l’Elektro Junior est définitivement un sérieux prétendant !
Caractéristiques techniques
Album photo: Le kit
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Album photo: L'assemblage
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Album photo: En vol
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