Fox de Windrider (Electrifié)
Stephane Jacobs
30/08/2008

J'avais pas mal vu et entendu parler de ce Fox en EPP moulé, engin idéal pour envisager la pente sans arrières pensées, et mes vacances aux Saisies approchaient à grands pas. Mon pote Christophe (qui venait aussi dans le Beaufortain) a fini de vaincre mes scrupules en faisant une commande groupée, pour de futurs vols en formation… Et voila donc que le bout de mousse arrivé quelques jours plus tard. C'était effectivement un beau bout de mousse… Mais avoir un planeur pour la pente quand on habite dans les mornes plaines du Plat Pays, c'est assez réducteur comme perspectives d'utilisation. J'ai donc décidé de le motoriser.

Conception d'ensemble

Mes exigences étaient d'avoir un solide taux de montée au moteur, sans alourdir déraisonnablement, et de pouvoir voler en planeur pur à la pente quand les conditions seraient suffisantes. J'ai d'emblée écarté la possibilité de couper le nez du planeur pour le remplacer par un cône d'hélice : le look devait rester intact en voilier pur. J'ai également refusé le placement du moteur dans la pointe du nez afin de ne pas trop devoir lester la queue. J'allais donc repenser complètement l'aménagement intérieur pour loger tout cela de façon équilibrée, et en prenant bien soin de garder une certaine distance entre la réception et les lignes de courants forts.

Répartition des masses et implantation des composants

Mon exemplaire est bien entendu muni d'une direction, un servo 9g est collé à l'emplacement prévu dans la dérive. Le volet de dérive est biseauté des deux côtés et son articulation est faite au moyen de trois charnières nylon. Le moteur a pris place dans le compartiment avant, initialement destiné à la batterie de réception. Sa place est toute trouvée : il suffit de creuser un tout petit peu le fond du compartiment avant, et de l'élargir en ôtant les créneaux latéraux en EPP. C'est tout juste. Second élément encombrant : l'accu de propulsion. Heureusement, la " bulle " du Fox est creuse et permet d'abriter le pack sans chausse-pied ni vaseline. Il reste encore un peu de place juste au dessus du moteur, juste assez pour poser le contrôleur. Théoriquement, je devais encore loger un servo standard pour la profondeur et un récepteur dans cet endroit devenu exigu. Les masses excédentaires en avant du CG devenant importantes, j'ai décidé de placer le servo de profondeur en un endroit devenu classique : à l'arrière du fuselage. J'ai également réduit sa taille, un Multiplex Tiny-S étant bien suffisant pour cette tâche. Son emplacement a été défini par la profondeur disponible pour son encastrement dans la poutre de queue, c'est-à-dire juste à la jointure des trois pièces du fuseau. Pour la commande, j'ai réutilisé la gaine fournie d'origine et la gorge qui était prévue pour la faire passer. Fastoche ! Quant au récepteur, j'avais appris à mes dépens qu'il vaut mieux mettre de la distance entre lui et les éléments de propulsion. En outre, la façon de connecter les rallonges d'ailerons m'avait interpellé car on allait se retrouver avec une boule de fils coincée entre les deux moitiés d'ailes (ou bien j'ai rien compris !). C'est là que se trouve désormais mon récepteur, un Multiplex Pico 5-6. J'ai simplement découpé un logement à l'emplanture des ailes, et creusé un peu le fuselage. Les rallonges des différents servos suivent les gaines prévues, mais les connecteurs aboutissent au centre du fuselage plutôt que dans le compartiment avant. Le cordon de l'aile droite est juste assez long pour aller au récepteur, le gauche est un peu plus long pour être connecté avant emboîtement de l'aile. Les autres cordons restent connectés à demeure.

Le groupe moto-propulseur

J'ai choisi de monter un moteur brushless à cage tournante Electronic Model Cyclon Premium 15. Je trouve cette gamme " premium " d'un excellent rapport qualité prix, surtout pour du Made in France. Il a un KV de 1440, pèse 64gr et délivre une puissance de 180w en continu (250w en pointe). Le contrôleur est un Castle Creation Phoenix 45. Quant à l'alimentation électrique, elle est dévolue à un pack Li-Po Polyquest 3S1C 1800mAh pouvant débiter jusqu'à 25C. Le porte hélice est un Aeronaut et l'hélice de même marque est une CamCarbon 9,5x5. Ainsi équipé, la consommation annoncée par Motocalc devrait être de 25A. Le moteur et le porte hélice sont reliés par un barreau de carbone de 4mm. Pour le montage, j'ai donc tiré parti d'une gorge longitudinale prévue au moulage et qui part du nez du Fox pour aller jusqu'au logement initialement réservé à l'accu de réception. C'est d'autant plus facilement inspiré que le cône en plastique souple livré avec le Fox est également déjà percé en son extrémité. J'ai commencé par tronquer de 2cm le nez en EPP pour y coller un couple en CTP de 2mm, muni d'un trou en son centre, dans lequel j'ai collé un roulement de 4mm de diamètre interne. Un second couple de forme carrée a été collé à l'autre extrémité du " tunnel de nez ", également percé dans l'axe de ce passage et muni d'un roulement identique au premier. On m'avait mis en garde contre les risques de vibrations de l'arbre en raison du manchon rigide qui allait relier la barre de carbone à l'axe du moteur. J'ai donc mis en place la plaque de CTP qui allait supporter la cage tournante, et pointé le centre du moteur en introduisant une longue tige dans le passage de transmission. L'alignement allait ainsi être parfait. Je pouvais donc fixer solidement le bâti moteur sur la cloison, et coller celle-ci en place au millimètre près. L'accouplement étant assuré par un manchon alu de 3,2mm/4mm. La dernière étape se fait sourire aux lèvres : la fixation du porte hélice est une formalité. Les deux vis creuses à pans mordent dans le carbone de l'arbre de transmission. Il est temps de vérifier que le montage du moteur est correct et exempt de vibrations : montée en puissance douce pour voir la réaction de l'ensemble. Le démarrage est souple et sans à-coups, le ralenti est vite dépassé et les tours montent souplement sans bruit, sans secousses. L'ampèremètre affiche 24A en statique à plein gaz. Test validé ! Je n'ai pas prévu d'ouïes de ventilation pour le refroidissement du compartiment moteur, ESC et accu en raison de la brièveté de l'usage de la propulsion. Verdict de la balance, équipé au complet : 600g

Premiers vols en plaine

Impatience, quand tu nous tiens… Le premier vol a eu lieu par vent assez fort, soufflant en rafales. Pas un temps à ne pas mettre un électrique léger dehors… Contrôle des débattement : peut-être un peu juste aux ailerons. La charnière constituée par l'EPP du moulage est un peu raide et pas grand chose ne bouge vers les saumons. On verra bien… Lancé ! Je lâche les électrons et le Renard volant grimpe à la verticale. L'absence de piqueur au moteur l'incite à cabrer. Il faut donc contrer à la profondeur et je n'ai pas mis d'expo. Les réactions sont vives et l'ascension se fait face à ce vent de fortes rafales. Etait-il nécessaire de tester la résistance de la clé d'aile ou des renforts en carbone noyés dans celles-ci ? Je l'ai fait. En ces quelques très courtes secondes, le Fox a montré sa solidité. Les ailes ont encaissé des G positifs et négatifs qui auraient fait faire " bravo " sur d'autres modèles. Son vol est maintenant stabilisé. Il file à une bonne vitesse, même moteur coupé. Il a vraiment fière allure ! Mais mon doute pour les ailerons se confirme : il ne répond presque pas en roulis. Par contre, je le sens très instable. Il faudra vérifier le CG. Je me présente pour poser et en profite pour tester la résistance de l'arbre d'hélice : mauvaise rafale ou décrochage ? Je l'ignore, mais la chute à 50cm du sol est brutale et l'axe est brisé au raz du porte hélice. Concept validé : il a fait fusible et rien d'autre n'a souffert. Dans la foulée, déjà le problème de roulis est résolu : je prends mon plus beau cutter et fais des entailles de 3cm en 3cm dans la charnière récalcitrante. Test : ça y est, les ailerons montent et descendent sur toute leur longueur. J'en profite pour ramener le plomb fixé sous le stab à 20gr au lieu des 35gr initiaux. Second vol. Je suis plus doux sur les électrons et donne une correction à piquer. L'ascension est à présent plus conventionnelle, et la puissance délivrée permet de remonter le vent sans sourciller. Mise en virage "académique trois axes" : les ailerons sont aussi efficaces qu'on peut le souhaiter et l'équilibre est bien meilleur. Le CG est de toute évidence plus en avant que les 2 pouces préconisés par Windrider. Encore quelques petits tours dans la bourrasque pour un peu mieux faire connaissance avec l'animal et il faut à nouveau poser. Le surlendemain, en fin de journée, L'air est calme et mon filleul est présent avec son reflex. C'est parti pour quelques photos avant le coucher de soleil. Et je dois dire que ces quelques minutes de vol ont révélé un planeur agréable, s'accommodant bien de la surcharge qui lui est imposée, mais qu'il ne faut bien sûr pas trop freiner comme une mousse de début. Côté motorisation, mes observations de l'avant-veille se confirment : Tous les régimes procurent un plaisir différent et sont bien supportés par le Fox, à condition de prévoir une compensation à piquer en fonction de l'insistance sur le stick des gaz. Vu l'heure tardive, les prochains vols se feront la semaine suivante sur les pentes des Saisies, en Savoie.

Et à la pente…

Les premiers vols se sont malheureusement faits par temps très calme. Le flanc sud du Signal de Bisanne (1960m) et son alpage raide a servi de pente d'essai. Ô désespoir : même le fidèle EasyGlider ne parvenait pas à monter. Ces vols du Fox se sont donc faits avec l'assistance du moteur pour chercher, en vain, une hypothétique ascendance. L'expérience de vol assisté s'est donc renouvelée, avec cette fois le plaisir de voir ma mousse évoluer à ma hauteur, permettant de mieux contempler sa ligne si fidèle à l'original. Il a vraiment belle allure, même en dépit de son appendice nasal. La mise en route intermittente du brushless à régime réduit autorise de s'éloigner en toute quiétude, sûr de revenir à proximité. Quand on voit le dénivelé, ça rassure… Un bon point donc pour le vol en air calme. La seconde phase s'est faite un peu plus loin, au Cormet de Roselend, en surplomb du site d'écolage des parapentistes. Encore une fois, la dynamique n'était pas extraordinaire mais présente, quelques thermiques aussi. Je soupçonne cependant le petit Fox destiné à une bonne dynamique de type marin plutôt qu'au vol thermique de relief… Aujourd'hui, nous sommes à deux à mettre nos Fox en l'air, à la différence que Christophe n'a pas motorisé le sien. La comparaison sera intéressante. Les 20 à 25% de masse supplémentaire sont palpables : là où le planeur pur évolue avec une relative aisance, le mien est à la peine. Il tient sans moteur, mais fait valoir son embonpoint. Quelques gouttes d'électrons de temps en temps lui permettent bien de prendre une altitude inexplorée par son cousin tout nu, mais il n'est pas possible d'en profiter bien longtemps. Réflexion : si j'ai prévu de pouvoir le débarrasser de son hélice, c'est justement pour ce genre de situations. Je n'aurai malheureusement pas l'occasion de le tester dans cette configuration : mon approche au raz des rhododendrons, abondants en montagne, s'est terminée… dans les rhodos… Ce n'était pas un atterrissage, c'était un appontage! L'oiseau blanc a été stoppé net, mais le pack de Li-Po a préféré continuer sur son inertie, arrachant au passage la patte du négatif et un des condensateurs du contrôleur. Moralité : au rancart pour le reste du séjour. Fin de l'essai. Enfin, presque, parce que dans l'énervement de cette avarie, je n'ai pas remarqué que l'extrémité de l'aile droite s'était arraché juste après l'aileron, et je n'ai pu la retrouver. Certes, le vol n'en est pas affecté, tant ce bout est peu porteur, mais à lire les forums, il semble que ce soit un point faible du Fox. Je conseillerais donc à chacun de placer un morceau de scotch renforcé sur le 12 derniers cm des ailes. Ayant questionné Ming Lou (Mr Windrider) à ce sujet, il m'a fait savoir que les ailes de remplacement sont disponibles pour 35$ la paire, port compris. Allez, c'est pas la ruine!

Conclusion

Si comme moi vous avez envie de voler en plaine avec votre Fox, tout en lui laissant la possibilité de voler sans hélice à la pente (ou en largage), je peux vous recommander la solution que j'ai expérimentée.

01FoxProjet 02FoxProjet 03FoxProjet
04FoxProjet 05FoxProjet 06FoxAvtG
07FoxCockpit 08FoxMot 09FoxRx
10FoxTail 11FoxAvtG1 12FoxAvtDr1
13Fox300608 14Fox300608 15Fox300608
16Fox300608 17Fox300608 18Fox300608
19Fox300608 20Fox300608 21FoxSaisies
23FoxSaisies 24FoxSaisies 26FoxSaisies
27FoxSaisies 28FoxSaisies  

Copyright © 1998 - 2008 Planet-Soaring.com
No commercial use or publication (e.g. on other www or ftp sites, print media) without the written consent from the author(s)