Par Pierre Rondel

INTRODUCTION

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans la catégorie des 4 m, on trouve sur le marché soit des semi-maquettes jolies mais au qualités de vol inégales (trop d'allongement, profil inadapté, ou alors trop fragile), soit des "bêtes à voler" qui ne ressemble à rien (la première version de l'alpina de MPX en est un bon exemple) ! C'est peut être un peu pour cela que je n'avait jamais franchi le pas réellement, jusqu'à récemment, lorsque je suis tombé sur le nouveau bébé sortant des ateliers Airtech. C'était le planeur qu'il me fallait: un planeur fait pour voler, se retouner la crêpe sans se prendre la tête, et pour ne rien gêcher avec une gueule d'enfer. Le sujet ? un ASW15 affichant 4.0 m d'envergure. C'est l'essai de ce nouveau venu que je vous propose aujourd'hui.

 

LE TOUR DU PROPRIETAIRE ...

Autant vous dire tout de suite, cet ASW15 n'est pas semi-maquette. La forme du volet de dérive n'est pas respecté. On doit sûrement aussi pouvoir trouver des inexactitudes coté fuselage. Et puis cet ASW15 est muni de volets (les puristes de la semi-maquette vont s'étouffer!). Mais là n'est pas l'important, et Olivier Finck (Mr Airtech) le revendique haut et fort: Le planeur qui fait l'objet de cet essai est à classer dans les machines faites pour voler, partout et souvent ! Regardons plutôt du coté de la voilure: HQW2/12 , volets généreusement dimensionnés, pas d'aefs (possible, mais en option), voilà qui est intéressant.

Le kit, quand à lui est superbe: Le fuselage, d'une couleur jaune "pêtante" dans mon cas (couleur à la demande), brille et possède un plan de joint des plus discret. Il est léger, mais est rigide et solide, donc pas d'inquiétude. Les petits logos ASW15 en vinyl (rouge et noir) sont déjà posés sur le fuselage. Le passage de la clé d'aile est déjà percé et 2 bagues en laiton sont posés au moulage (pas besoin de fourreau). Les trous recevant les tétons de centrage des ailes sont également déjà effectués au moulage tout comme les trous pour le passage des crochets de fixation. Le puit de dérive est deja fermé par une âme en balsa, puis fibré à l'exterieur. Cet âme laisse cependant un large accès au palonnier de profondeur(déjà en place lors du moulage) qui est un modèle MPX triangulé, donc costaud. Plus fort, la commande de profondeur (Baguette en carbone de 6mm de diamètre + tige fileté et chapes métallique de 2.5 mm coté renvoi de profondeur) est déja en place ! Sur le haut de la dérive, une corde à piano coudée à 90 degré est en place, faisant office d'axe d'articulation de dérive.

Le volet de dérive est moulé creux (là aussi, couleur à la demande) et est très léger. Un petit tube alu dans sa partie supérieur fait office de tube d'articulation, et vient s'emboiter sur la corde à piano coudée mentionnée juste avant.

Les ailes, quant à elles, sont magnifiques: coffrées en Samba 10/10 mm, elles ont un longeron en pin qui coure sur les 2/3 de l'aile, en plus d'une semelle en fibre de verre largement dimmensionée (carbone pour la version avec aefs). La nervure d'emplanture en CTP est incorporée avant coffrage, ce qui montre une grande maitrise de fabrication. L'articulation des ailerons et volets se fait par tissu d'arrachage inseré sous le coffrage. Une baguette balsa est insérée sur toute la longueur de l'aile à la naissance de l'aileron/volet, apportant une rigidité en torsion, en plus de l'aspect esthetique. Le saumon, en samba, est posé et poncé. La clé d'aile est en carbone de 16 mm de diametre, c'est presque sur-dimmensionné mais je ne m'en plaint surtout pas.

Et puis pour terminer, les accessoires au complet avec:

La liste est longue, et j'en ai d'ailleurs peut etre oublié ...

Comme vous pouvez le juger, il s'agit d'un kit tres complet, sans aucune concession pour un planeur qui respire la santé et donne déjà l'envie de voler. L'avancement est tel, que la mise en croix sera une simple formalite, un tres bon point.

LES AILES

Le travail restant à faire est très limité. Il faut finir de dégager les ailerons/volets en terminant de creuser la baguette balsa à l'intrados. Ceci se fait très bien avec une mini-perceuse equipée d'un foret de 3mm. On termine ensuite par un petit ponçage au papier de verre. Il faut ensuite assouplir la charnière en tissu d'arrachage en manipulant les gouvernes. Au début, cela force un peu, mais rapidement on obtient la souplesse recherchée. Deuxieme étape, la pose des tétons de centrage. Il y en a 1 par demi-ailes, situé a l'arrière. Les trous dans la nervure d'emplanture sont bien sur déja fait et sont parfaitement alignés avec les trous dans le karmans. Le téton est en corde à piano de 5 mm. Bien dégraisser cette corde à piano en la poncant rapidement, avant de la coller. Vient ensuite le poncage de finition (hé oui déjà !!! L'installation des servos sera faite apres entoilage) au papier de verre fin. Un petit coup d'aspirateur, puis on contrôle la qualite de la surface avec la paume de la main. Une fois que l'état de surface obtenu avant entoilage est jugé satisfaisant, vous pouvez procèder à l'entoilage. En ce qui me concerne, depuis 8 ans, je n'utilise que du vinyl, gage de longévite des couleurs et de solidité, meme si le poids de ce type entoilage est légèrement supérieur au solar ou autres films thermo rétractable.

La grande dimension des volets nécessite des servos puissants et sans jeu. J'ai opté pour des MPX Micro MC numérique qu'il me restait dans un fond de tiroir (fond de tiroir de luxe, j'en convient !!!). Pour les ailerons, de dimensions plus petites, j'ai utilisé des Micro 3 BB qui semblent suffisant à l'usage. Seul petit hic, ils sont moins rapides que les numeriques lors de deplacement de butée à butée ...

Comme à mon habitude, les servos sont collés dans les puits de servos avec du mastic-colle (marque "Ni clou ni Vis", fixation extreme). Dans ce cas, il faut impérativement laisser sècher 2 jours avant de commencer à jouer avec. Les commandes d'ailerons utilisent des chapes métalliques de 2.5 mm.

Quant à la déco, je la dois à Thierry Martinet (merci Thierry !). Pas mal ? Non ?! Et puis je peux vous dire qu'elle se voit parfaitement en vol...

Ha, j'oubliais ... Visser les crochets de fixation dans la nervure d'emplanture ! Ca peut en effet servir pour ne pas perdre les ailes en vol ...

LES STAB

Les clés de stab sont du 4mm à l'avant et 3 mm à l'arriere, ce qui est un très bonne chose. Petit bémol, ils sont livrés sans nervures d'emplanture, le polystyrène étant apparant. Vous pouvez eventuellement en rajouter une, en ctp 10/10 fourni dans le kit, mais cela n'est pas absolument indispensable. L'alternative consiste à mettre un petit tissu de verre + résine. Pour terminer, un léger poncage au papier de verre très fin suffit avant l'entoilage, au vinyl dans mon cas.

LE VOLET DE DERIVE

Comme je l'ai mentionné avant, l'articulation superieur est en place. L'articulation inférieure consiste en une vis parker vissée dans le congé de microballon se trouvant au pied du volet de dérive. La préparation de la dérive se limite donc à la pose d'un petit bout de tube alu de 3mm de diametre interieur dans lequel on colle ensuite les guignols cul à cul (vis à œil en laiton) de part et d'autre du volet. Une fois que vous avez reperé l'emplacement idéal (par rapport au sorties des cables du fuselage), percer à 4mm. Les vis à oeil et le tube alu sont tout simplement collés à l'epoxy rapide. J'ai en plus rajouté une petite rondelle en époxy à l'exterieur, histoire de renforcer encore le collage.

LE FUSELAGE

Là aussi l'avancement du travail est très appreciable. J'ai commencé tout d'abord par l'articulation inférieure de la dérive: Il s'agit d'une petit plaque en époxy de 2mm collée à la base de la dérive avec un trou pour le passage de la vis parker qui vient se visser dans le volet de dérive. L'ajustage de cette pièce et plus généralement du volet de dérive est une opération qui demande de l'attention et un soin particulier. La partie superieure de la dérive soit s'ajuster parfaitement au dessus de la partie fixe de la derive, et le volet de derive doit débattre sans points dur et avec suffisamment d'amplitude. Il est d'ailleurs nécessaire de biseauter les lèevres du puit de dérive pour que la jointure partie fixe / partie mobile soit propre.

Dans le fuselage, on a beaucoup d'espace, ce qui change des "suppositoires volants" avec lesquels je vole d'habitude. La platine radio en CTP 30/10 ieme pré-découpée trouve donc facilement sa place. J'ai d'abord effectué un collage rapide de la platine à l'epoxy, puis j'ai fibré avec un coupon de 160 g/m2 qui remonte généreusement sur les flancs. Je peux vous dire qu'ensuite, cela ne bouge plus ! J'ai installé des Royal DIGI de MPX à la profondeur et à la direction. Le servos de crochet de remorquage est un simple Europa BB. Les Servos sont positionnés le plus en avant possible pour limiter le plomb de centrage. Coté batterie, double batterie de 4 éléments de 1800 mAh, ce qui donne beaucoup d'autonomie, un vumètre embarqué pour surveiller manuellement la tension. Le récepteur est un C19 de graupner, un excellent récepteur qui n'est malheureusement plus fabriqué.

La commande de profondeur se fait par une baguette carbone de 6 mm environ. Il reste juste à la coupée à la bonne longueur et à y coller un petit bout de tige filetée de 2.5 mm de diamètre. Le commande de direction est une commande par cable aller-retour. Petit truc à savoir, le secret d'une bonne commande par cable est d'avoir un entre-axe équivalent entre le palonnier de servos et les guignols se trouvant sur le volet de dérive.

 

 

LA VERRIERE

Le baquet de verriere s'ajuste parfaitement au fuselage. Positionner le baquet sur le fuselage et percer le baquet et le fuselage à l'avant pour le téton de centrage en corde a piano de 30/10 et à l'arrière pour le système de verrouillage de la verrière. La baquet recoit un petit bout de tube alu de 3mm de diamètre, que l'on pointe d'abord à l'époxy rapide et que l'on colle ensuite avec un mélange de fibrette de verre ou carbone et de l'epoxy. Le système de verrouillage de la verrière se colle en 2 etapes de la meme facon que précedemment afin de bien garder un ajustage parfait. Puis vient le découpage de la verriere, le collage sur le baquet se faisant à la colle silicone (transparente). Une petite bande de vinyl de couleur gris foncé vient parfaire la finition de l'ensemble baquet + verrière en cachant le collage.

BONNE SURPRISE SUR LA BALANCE !

Ca y est, nous sommes arrivés au bout de la construction qui s'apparente d'ailleurs plus à de l'assemblage. Direction la balance pour le verdict tant attendu: Hé oui ! 4600 grs seulement, ce qui est très raisonnable et promet un comportement intéressant en vol sans etre trop léger et papilloner dans tout les sens. Rien n'empêche ensuite de prevoir du ballast (1 kilo par exemple), car la solidité des ailes et la dimension de la clé d'aile encaisseront sans broncher une petite surcharge pondérale !

LE VOL

Le lancé est une simple formalité, même seul, car le poids de l'engin n'est que de 4.6 kg, et la prise en main par le dessous du fuselage ne pose aucun problème. Quelques pas, une petite impulsion et hop c'est parti !

Ce qui transparait tout de suite c'est l'excellente tenue en trajectoire. La dérive, bien haute et épaisse joue parfaitement son rôle et garde le planeur "vissé" sur sa trajectoire. La vitesse de vol est plutot rapide et la finesse excellente ce qui permet de transiter et sauter de bulle en bulle avec facilité. Le calage de l'aile et du stab est parfait et donne une ligne de vol "queue haute" des plus esthétique.

L'épaisse dérive, donc bien alimentée en air, même à basse vitesse, reste efficace à tous les régimes de vol. Elle est même d'une effacité redoutable, et nécessite un dual rate (50 %) pour le vol thermique sinon, sinon le dosage devient très difficile et la spirale un calvaire. Le planeur vous rappelle alors à l'ordre en partant en virage engagé ... Avec le dual rate enclenché, tout rentre dans l'ordre et le pilotage en spirale devient meme un véritable régal.

Les ailerons, réglés en permanence en quadroflaps, sont très efficaces et précis, et ce même avec des débattements raisonnables. On dirait un gros Jedi, tant la réponse est immédiate pour ce genre de grande plume. En vol de montagne, quand vous volez loin (et parfois au trou), vous pouvez mettre un soupcon de combi-switch pour plus de confort.

Les volets ralentissent le planeur et amènent plus de portance. J'ai essayé plusieurs réglages de volets en augmentant progressivement la courbure, mais je suis ensuite revenu à des valeurs plus raisonnables pour bénéficier d'un meilleur compromis en evolution à basse vitesse et aux grands angles.

J'ai pu tester l'ASW 15 en cross lors de la rencontre Soaring 2002 à Corps. J'ai apprécier la tenue en trajectoire et la vitesse de vol volets baissés, me permettant de quitter le planeur des yeux pour regarder où je marchait. Par contre je me suis fais peur 2 ou 3 fois, car la couleur jaune de l'intrados est trop claire et le planeur disparaît visuellement sous certaines incidences. Je vais donc rajouter dés que possible de larges bandes rouge pour une meilleure visibilité.

Quand on pousse sur le manche, le planeur accélère immédiatement pour prendre sa vitesse de vol rapide. Les commandes restent parfaitement homogènes. Ainsi les passages bas et rapides sont un régal. Avec un ou 2 crans de volet en négatif, on accelere encore, ce qui nous amène naturellement au morceaux de choix, la voltige !

Les figures horizontales sont d'une facilité déconcertante pour une grande plume. Si vous avez un peu de vitesse, la correction à la dérive n'est meme pas nécessaire ! Plus lentement, l'efficacité de la derive fait rage et il faut prendre ses repères avant de dosé correctement et ne pas désaxer le tonneau. Les renversements sont une merveille, amples à souhait, facile à declencher en haut de la trajectoire toujours grâce à cette derive diabolique. La profondeur "mord" très rapidement en sortie de figure. Ainsi les sorties dos ne posent pas de probleme. Les loopings et autres figures demandent un peu plus d'attention car le faible poids de la machine ne facilite pas la figure. Il faut donc prendre un peu plus de vitesse en entrée de figure et bien doser la profondeur tout au long de celle ci. Même remarque pour le huit cubain (noeud de savoie), les looping inversés et le huit vertical.

Le vol dos est un régal, et est facilité par l'utilisation des volets en négatifs. Le mordant de la profondeur permet encore une fois un contrôle parfait du tanguage dans cette position. On peut ainsi rester en dos plusieurs tours de pente et passages bas sans ressentir le besoin de remettre à plat après le premier passage. Le vol tranche, toujours très impressionnant, ne pose pas de probleme particulier. L'atterissage est facile, même en l'absence d'aefs. Les butterfly jouent parfaitement leur roles, ralentissant bien le planeur et laissant un bon contrôle sur l'axe de roulis. Cependant, je crois qu'il doit être possible de baisser encore plus les volets et de gagner ainsi encore en efficacité pour poser le planeur pratiquement à l'arrêt.

CONCLUSION:

Cet ASW15 est une véritable reussite qui ravira tout les amateurs de beau planeur. A la fois compact, mais avec des formes généreuses, ses qualités de vols sont indéniables, et ses capacités en voltige excellentes. Sans être équipé d'un profil de voltige proprement dit (biconvexe), le choix de ce dernier s'avère finalement très judicieux, car très polyvalent. Le domaine de vol est ainsi notablement élargi, surtout par l'utilisation des volets. Le kit est de très belle facture et inspire confiance. Alors si vous recherchez une "bête à voler", mais qui ressemble à quelque chose, cet ASW15 est sans aucun doute fait pour vous.

J'AI AIME

J'AI MOINS AIME

Reglages et centrage

Débattements (+ s'entend vers le bas et - vers le haut):

positions de volet:

Thermique

Vitesse

Aerofreins (butterfly)

 

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