La discipline lancé-main, c'est pas vraiment ma tasse de thé, mais il faut reconnaître que ces petits planeurs ultra légers permettent de voler dans un ``pet de lapin'' comme on dit par chez nous! Jusqu'à très récemment, les seuls modèles disponibles sur le marché étaient des 2 axes, et majoritairement en structure qui se transforme en hélice, une fois entoilé! Le modèle que je recherchais devait être 3 axes et avoir une aile en expansé coffré. Alors quand j'ai découvert le kit du Fuego, j'ai craqué: c'était le planeur qu'il me fallait...
Il s'agit donc d'un planeur, stab en V, fuselage à ogive, avec une aile de 1.50 m d'envergure équipé d'un HN1033. Le kit contient:
un joli petit fuselage, très élégant, de belle facture et qui semble à première vue très résistant, par rapport à d'autre kit lancé-main que j'ai pu voir de près. Des petites mèches de carbone viennent renforcer l'assise de l'aile. Il possède une sous-ogive séparée qu'il faudra coller lors de la construction. Le plan de joint est discret.
deux demi-ailes de toute beauté utilisant un bois de plaquage que je ne connais pas. En tout cas ce n'est ni du samba, ni du koto. Les bords d'attaque sont posés et poncés, les saumon en balsa sont posés et dégrossi en ponçage. En transparence, on devine une baguette de balsa intégrée sous le coffrage, au niveau de l'aileron. vraiment du très beau boulot et léger.
deux demi-stabs en balsa pré-poncé, articulation de volet déjà posées.
un petit sachet d'accessoires, les commandes en corde à piano de 8/10 ième accompagnées des gaine en plastique, et un plan à échelle réduite.
Ayant l'un des tout premiers modèles arrivés en France, je n'avais pas de notice. Mais je sais qu'Airtech en prépare une d'ici peu. Aller, mettons nous au travail!
La première étape consiste à coller les 2 demi-ailes ensemble, en insérant 2 petits blocs de bois dur au niveau du passage des vis de fixation des ailes. Le collage se fait à l'époxy rapide, puis léger ponçage et hop, on fibre la jonction avec les deux petit coupons de fibre fournis dans le kit (du 80 g/m2 à vue d'oeil). Puis on dégage les puits de servos, à la bonne dimension. Le coffrage étant très fin, j'ai mis deux petits bout de tissu de carbone (non-fournis) afin de renforcer l'extrados par l'intérieur, avant de coller les servos d'ailerons.
Une fois sec, ponçage des saumons en balsa pour adoucir leur forme, puis léger ponçage de finition de tout l'aile au 600 pour enlever d'éventuelles petites irrégularités, et on peut passer à la finition.
Comme je trouvait le bois vraiment superbe, avec ses changements de couleurs, j'ai préfère vernir l'aile plutôt que de l'entoiler, et c'est d'ailleurs ce que je vous recommande. Un voile léger de vernis polyuréthane suffit, ce qui fait ressortir les dessins du bois, j'adore! En plus le vernis que j'ai utilisé avait l'odeur du miel, odeur qui s'est dissipe peu à peu, quel dommage...
Re-ponçage, cette fois-ci au 800, et on obtient un super résultat, façon commode Louis XV comme celles que l'on trouve dans les brocantes. En tout cas une telle finition a le mérite d'être léger, en plus d'être beau.
Il faut ensuite dégager les ailerons: 2 coup de scie à balsa pour les extrémités, puis avec un cutter, on commence à découper dessus-dessous. Il faut ensuite détacher l'ailerons en forçant un peu. Le balsa ainsi pré-découpé fini de se détache, dans le sens de la fibre. Le résultat est excellent.
Biseautage de l'aileron et on peut le coller ensuite à demeure avec du blenderm ou autre scotch qui va bien.
Juste une petite remarque sur l'aileron. Celui ci est très rigide en torsion, grâce à la baguette de balsa se trouvant sous le coffrage et qui ferme parfaitement l'aileron. C'est très bien pensé et réalisé de la part du fabricant.
Pour en terminer avec l'aile, il faut percer le passage de la vis de fixation à l'arrière de l'aile et un autre trou au bord d'attaque (en diagonal) pour recevoir le téton de fixation avant, en corde à piano de 2 mm.
Le travail à effectuer sur le fuselage est très classique. La première phase consiste à installer le système de fixation. Un écrou à griffe sur une petite platine en CTP pour la vis arrière, et un petit bout de tube alu de 2mm pour le téton avant, d'abord coller à l'époxy rapide pour garantir son bon positionnement, puis noyer dans de la choucroute (époxy lente + fibrette) ce qui donne un collage impeccable qui ne bougera pas dans le temps.
En parallèle il est possible de s'attaquer à la platine radio que l'on colle dans la sous-ogive, avant de la rendre solidaire du reste du fuselage. Il faut également installer les gaines de commande en mettant des points de colle à plusieurs endroits pour éviter qu'elle ne flambent. C'est peut être l'opération la plus délicate du montage.
J'ai décidé de faire un stab en une seule pièce, mais démontable, donc j'ai du insérer un écrou à griffe de 3 mm et une petite pièce en CTP à l'arrière du fuselage, plus un petit téton de centrage en tube alu de 2mm.
Le stab, quant à lui, est composé de planches en balsa, poncées, avec les volets deja articulé avec de toutes petites charnières. Ils viennent se coller, avec le bonne angle, sur une petite planche en C.T.P qui sert d'assise, et vient se visser (ou coller) sur le fuselage. Je l'ai entoilé à l'Oralight, mais il est possible de le vernir comme l'aile pour gagner un peu de poids. Attention aux charnieres qui ont une facheuse tendance "a se faire la malle". J'ai rajouté deux petits bouts de Blenderm, histoire de ne pas perdre de gouverne en vol ...
Ayant goûté au ``vrai 3 axes'' avec mon mini-ellipse, J'ai décidé, d'entrée de jeu, de mettre 4 servos, 2 pour les ailerons, et 2 dans le fuselage. Il s'agit de 4 tiny-pro, importés par top-model, qui trouvent aisément leur place dans les ailes ou dans le fuselage. A mon avis il y a moyen de gagner du poids en utilisant des servos plus petits (de la même gamme), au moins dans le fuselage. La batterie est composée de 4 éléments panasonic 300 mAh (même tailles que les 270 mAh Sanyo), et le récepteur est un PICO 4 de Multiplex, qui marque un réel tournant dans la stratégie de Multiplex en attaquant le marché des récepteurs et servos avec connecteur universel (type Graupner/Futaba). Il ne m'a fallu que 6 grammes de plomb pour obtenir le centrage correct.
Mais avant de poursuivre, je me permet une petite parenthèse à propos de ces servos, apparus récemment sur le marché:
Leur provenance, si vous ne le savez pas, est Taiwan. La société qui produit cette gamme est GWS (Grand Wing Servo), et vend dans le monde entier sous des marques très différentes. En France vous pouvez trouver ces servos sous les marques suivantes:
New Power Modélisme Top Model Multiplex Sopedra JamaraLe nom est différent pour chaque distributeur, mais derrière, c'est le même produit... à des prix différents! Alors, faites jouer la concurrence.
J'ai acheté, avant qu'ils ne soient commercialisés en France, 3 modèles très différent de la gamme, directement à la source, ce qui m'a permis de porter un jugement dessus (S9102, S3002 et NARO-MAX) à l'usage.
Le S9102 GWS a le format des gros servos d'aile pour avion de voltige, ils sont bourrés de jeu et d'un lenteur incroyable! Je les ai mis dans une aile de combat et ils finiront à la poubelle avec l'aile! Le S3002 GWS a exactement le même gabarit que le S3002 de chez Futaba (16 mm d'épaisseur). La aussi, c'est une grosse déception: pignonerie plastique, lent et fragile, par contre il n'y a pas de jeu.
Nous avons reçu les NARO-MAX (identiques en tous points au Tiny-pro ou équivalent chez NPM Jamara et les autres) après les autres servos, alors nous étions très inquiets sur la qualité. Et bien, ce sont les seuls qui tiennent la route: Très rapides, sans jeu et puissants (pour la taille), ils font de super servos pour lancé-main ou servo d'aile pour mini-planeur. Par contre il est fortement déconseillé de les utiliser avec 5 éléments sous peine de remplacer souvent la pignonerie... un rapport qualité-prix excellent donc, tout comme ces petits frères sub-micro de taille inférieures, avec ou sans roulement.
Voila, la parenthèse est fermée. Je vais peut être m'attirer les foudres de certains distributeurs, mais le lecteur a le droit de savoir! non?
Le lancé est particulièrement sympa car le planeur a une trajectoire très tendue et rapide. La stabilité est impeccable, le stab généreux y est pour quelque chose... Le planeur vole vite et fait preuve d'une excellente finesse. En fait on se rend rapidement compte que le Fuego est capable de parcourir beaucoup plus de terrain qu'un lancé-main traditionnel. Nerveux aux ailerons, il réagit à la moindre sollicitation aux manches. Il est possible de spiraler dans un mouchoir de poche, le peu de dièdre ne se fait pas trop sentir. Les volets légèrement en positif, permettent de ralentir un peu le modèle et de spiraler plus serrer. Dans tout les cas, le fuego nécessite tout de même plus de pilotage qu'un 2 axes double dièdres qui se cale sur le panneau extérieur et tourne autour.
Dés que l'on pousse sur le manche on oublie que l'on a un planeur de 400gr. Le fuego se prend à jouer les 60 pouces (dans du petit temps, of course!), effectuant les virages sur la tranche sans broncher.
Toute les figures de voltige de base passent sans problème: tonneau, renversements, looping et l'utilisation des volets en négatif permet de tenir sur le dos et même de spiraler en dos si l'ascendance le permet.
Pour essayer de vous situer le fuego par rapport à des référence plus connues, je dirai qu'il se trouve à mi-chemin entre un lancé-main traditionnel et le mini ellipse.
Le catapultage est possible, à condition de ne pas prendre trop de vitesse au départ sous peine de voir le stab flutter, puis exploser! (c'est une simple planche de balsa, je vous rappelle...)Par contre dés que le vent se lève, le fuego "bouchonne" très rapidement et devient beaucoup moins amusant, mais il n'a pas été conçu pour cela...
Pour terminer l'atterrissage est une simple formalité grâce au mixage aérofreins (les 2 ailerons se lèvent, avec une petites compensations à la profondeur), que se soit dans la main ou dans les jambes(!), ben ouais, quand on se loupe... ça arrive!
Le fuego a tout pour séduire: un look moderne et une conception très abouti. Une qualité de construction impeccable avec ce bois de plaquage très particulier, 2 crans au dessus du traditionnel Samba, et puis un vrai pilotage 3 axes qui satisfera les pilotes les plus exigeants. Un vrai partenaire pour le petit temps, ou alors en lancé-main avec comme atout l'utilisation possible des volets.
Le grand frère du fuego arrive, puisque un nouveau modèle est annoncé par Airtech. Celui-ci fera 1.65 m d'envergure avec un fuselage un peu plus long. La forme d'aile, la composition du kit sera exactement la même. On peut classer ce nouveau planeur dans la catégorie des "unlimited", peut répandu encore en France, mais qui fait rage outre-rhin. Il y a aucun doute que ce nouveau planeur sera redoutable, particulièrement à la pente pour traquer les ascendances anémiques, sans pour autant faire de concession sur le pilotage.
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