Son nom évoque une bestiole sanguinaire tout droit sortie de la science fiction, mais il s'agit en fait d'un planeur spécialement taillé pour la course au pylône...
Quand j'ai acheté l'Eliminator il y a plus d'un an, Je l'ai fait sans connaître le planeur, ni même avoir vu une photo (il valait peut être mieux...). J'ai simplement procédé à un mini sondage sur internet en demandant quel était le meilleur planeur 60 pouces du marché en angleterre, où est organisé un véritable championnat, sous l'égide de la fédération anglaise. Et là, toutes les réponses convergeaient: l'Eliminator! Là bas ce planeur est pratiquement une légende: Lors d'un concours de F3F, un pilote l'a utilisé comme planeur de Backup et réussi à faire 41 secondes sur le kilomètre, tenant tête aux ellipses et autres tout plastiques. Mon choix était fait, il me fallait absolument! Coup de fil au fabricant, John Stevens, pour passer commande, virement bancaire et 15 jours plus tard, voici une petite boite en carton qui arrive par transporteur.
ETAT DES LIEUX
En ouvrant la boite, la pièce qui attire immédiatement l'oeil, c'est le fuselage. Il est très long et possède une ogive. Le maître-couple est important, permettant l'utilisation d'un servos standard à la profondeur, car j'oubliais, il s'agit d'un 2 axes Ailerons-Profondeur. Deuxième commentaires, c'est vraiment très solide, mais revers de la médaille, c'est très lourd: 200 gr pour le fuseau. Il y a des renforts kevlar et carbone partout et il y a même un platine en bois intégrée à la sous-ogive qui reparti les efforts et rend pratiquement indestructible ce fuselage. Outre ce fuselage, on trouve deux demi-ailes de toute beauté, composées d'un noyau en mousse (genre styrofoam) coffrées avec du samba 6/10ieme avec une couche de fibre sur toute l'aile. Le bord d'attaque est en carbone, intégré sous les coffrages, et le tout est pré-ponce, donnant un bord de fuite très fin. Les stabs sont de simples planches de balsa qu'il faudra mette en forme. On trouve également des blocs de balsa pour le saumon et un petit sachet d'accessoires. Seul regret, ni les commandes ni les guignols ne sont livrés.
L'AILE
L'aile est composée de 2 demi-ailes qu'il faut assembler en leur milieu par du tissus de verre. Tout comme le fuselage, elles sont relativement lourdes car sont composées d'un noyau de styrofoam coffre de samba 6/10 même, mais avec une couche de fibre de verre sur toute la surface.
Les trous de fixation de l'aile se font à travers 2 blocs de bois dur que l'on insère au moment d'assembler les demi-ailes. Les saumons sont en balsa mais incorporent une épaisseur de CTP 10/10 ième en leur milieu ce qui consolide le bord de fuite après ponçage, un bon point! Le reste du boulot est tout à fait standard:
Le travail sur le fuselage est des plus simple et consiste à:
EQUIPEMENT RADIO
L'installation radio utilise un servo EUROPA BB à la profondeur et 2 FL BB aux ailerons. des servos de 15 mm doivent passer sans problème dans l'épaisseur de l'aile. La batterie est une 600 mAh et le récepteur un Simprop RX2000 (taille d'un mini9 MPX). Les commandes de profondeur sont en corde à piano de 12/10 ième soudées sur une chape métallique unique, he oui, il n'y a pas de dérive! Il m'a fallu un peu de plomb pour obtenir le centrage préconisé par la notice.
LE VOL
Pour un planeur venu d'outre-manche, le premier vol se devait d'être effectué en bord de mer. C'est donc lors de la rencontre de vol de pente organisée du cote de Cherbourg qu'ont eu lieu les premiers essais. La mise en oeuvre est rapide avec l'aile en une seule pièce. Mise sous tension et hop c'est parti. Ouhaaou! bonjour le taux de roulis... les ailerons qui courent jusqu'au bout de l'aile y sont pour quelque chose. l'efficacité est redoutable, le planeur répond à la moindre sollicitation du manche. Curieusement, il en est de même avec la profondeur malgré des stabs un peu petit et de volets de profondeur étroits Une fois les débattements réduits, on peu se détendre un peu et commencer à évaluer le planeur. En vol thermique, c'est pas vraiment le pied. Le faible allongement et le poids élevé ne facilite pas les spirales et puis je vous rappelle qu'il n'y a pas de dérive. Mais c'est pas un planeur de F3J... bon on va le secouer un peu maintenant! prise de badin et c'est parti pour un peu de voltige. Le tonneau est très nerveux, les loopings et autres figures verticales passent également très bien, le vol dos aussi. La figure la plus impressionnante avec l'Eliminator est le tonneau déclenché: il est d'une violence extrême et il lui faut de l'altitude pour en sortir. Du coup j'ai essayé la vrille qui est un régal et qui s'arrête sans difficulté sauf une fois, un jour de vend de sud très fort et turbulent: J'ai commencé la vrille comme d'habitude très haut. Apres une dizaine de tours, on lâche les manches et... rien! le planeur continue de tomber en vrille! bien... on va essayer de contrer un peu aux ailerons, et mince ca repart dans l'autre sens. finalement, j'ai réussi à sortir de la vrille, je ne sais encore comment, à 5 mètres sol.
Mais la discipline où l'Eliminator peut vraiment s'exprimer, c'est la course au pylône:
Le planeur a fait ces premières armes au concours de la madeleine, qui a lieu à la Pentecôte. Les conditions étaient ventées et très turbulentes avec des changements de portance fréquents. Dans ces conditions ``viriles'', l'Eliminator a montré tous son potentiel avec des accélérations dignes de se nom, et des virages hyper serrés sans pertes de vitesse. Lors de la finale, j'ai ainsi pu remonter un retard de 2 bases (sur 30 au total) suite à une touchette avec un autre concurrent dés le départ. Il faut une attention de tous les instants, faire abstraction de tout ce qui se passe autour et se concentrer sur le pilotage, car la faute de pilotage guette à chaque virage. Côté solidité, pas de problème c'est du béton !
Que dire en conclusion? Je dirais que l'Eliminator est un planeur atypique, tout d'abord en raison de son esthétique très particulière. Le kit est de très bonne facture, bien que lourd mais il suffit de préciser à la commande que vous désirez qu'il soit plus léger... En vol c'est une boule de nerf, qui s'excite à la moindre sollicitation. Amusant en voltige très performant en 60 pouces, il pêche un peu par tout petit temps, mais ce n'est pas la sa vocation. Alors si vous rechercher un planeur que personne n'a, et qui ne passe pas inaperçu, l'Eliminator est un bon choix!
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